Un leader civil au Kivu

Thomas d’Aquin a été élu en 2011 à la tête de la Société civile du Nord-Kivu, qui regroupe des dizaines d’associations et de syndicats actifs dans la province pour unir leurs forces et défendre un point de vue indépendant des partis politiques et des différents groupes armés qui occupent la région.

Thomas d’Aquin Mbiti Mustapha Luanda est fier de son nom: s’appeler à la fois Thomas d’Aquin et Mustapha, il faut le faire! Il en est d’autant plus fier que ce deuxième prénom, il l’a choisi lui-même. Grandissant dans un univers marqué par la violence, tant au niveau de sa famille que de son village, Thomas d’Aquin a, très tôt, voulu consacrer sa vie à la médiation et à la rencontre des communautés. C’est pourquoi, devenu adulte, il a décidé d’adopter ce deuxième prénom d’origine musulmane, pour symboliser la rencontre des cultures.

Cet engagement pour le dialogue, Thomas d’Aquin Mbiti n’y a jamais renoncé: enseignant, juriste, il milite d’abord dans le territoire de Masisi où il a grandi. Au moment où, au début des années 1990, le président Mobutu lance la Conférence nationale souveraine, censée symboliser l’ouverture de son régime après 25 ans de dictature, il participe à la création d’une association, le Réseau d’initiatives locales pour un développement durable, qui enverra un délégué à Kinshasa. Il s’implique ensuite dans diverses associations, participe à la création de coopératives. Tout en gardant les pieds attachés à sa terre, puisqu’il est aussi agriculteur et éleveur, propriétaire d’une vingtaine de vaches. Car il faut bien nourrir sa nombreuse famille: troisième enfant de sa propre famille, il a perdu plusieurs frères et sœurs, qui lui ont chacun laissé plusieurs enfants. Aujourd’hui, ce sont 22 enfants qui sont sous sa responsabilité.

La population se reconnaît plus en nous que dans la majorité des politiques. Elle sait que nous sommes là pour défendre ses droits. Et puis, nous jouons un rôle non négligeable pour construire la paix

Investi dans divers réseaux, il se retrouve en 2011 élu à la tête de la Société civile du Nord-Kivu, qui regroupe des dizaines d’associations et de syndicats actifs dans la province pour unir leurs forces et défendre un point de vue indépendant des partis politiques et des différents groupes armés qui occupent la région. Peu à peu, il contribue à faire reconnaître la place de cette société civile, qui n’est pourtant pas toujours bien vue du pouvoir en place. Sa plus grande satisfaction, c’est justement la reconnaissance des citoyens: “La population se reconnaît plus en nous que dans la majorité des politiques. Elle sait que nous sommes là pour défendre ses droits. Et puis, nous jouons un rôle non négligeable pour construire la paix. En créant des espaces de dialogue, mais aussi, quand il le faut, en collaborant avec le pouvoir en place. Ainsi, lorsque l’armée congolaise a enfin battu le M23, nous étions là pour lui communiquer toutes les informations utiles sur le positionnement des uns et des autres. Ce que nous voulons, c’est la paix!

Il y a quelques mois, Thomas d’Aquin Mbiti était pour la première fois en Belgique. Son message? “Amis belges, considérez les habitants du Congo comme des citoyens à part entière. Ils ont des droits comme vous, à commencer par le droit à la vie. Il faut travailler ensemble à la pacification et au développement de la RDC, non par charité, mais parce qu’il s’agit de nos intérêts partagés!”.

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