Mon corps est habitué à ne s’endormir qu’à deux heures du matin, quand le bruit diminue. Je me sens encore très stressé suite à ces nuits dehors.
Témoignage recueilli par Vluchtelingenwerk
Sayed, officier de l’armée afghane, a fui son pays pour échapper aux talibans. Il a été contraint de laisser derrière lui sa femme et son fils en bas âge. Il est arrivé en Belgique après un voyage de dix mois, qu’il a réalisé presque entièrement à pied.
“Bruxelles étant la capitale de l’OTAN, j’ai décidé de m’installer en Belgique, parce qu’en Afghanistan, j’ai travaillé avec les troupes de l’OTAN. J’espérais obtenir un permis de séjour ici, jusqu’à ce que nos vies ne soient plus menacées en Afghanistan.
Arrivé en Turquie, j’ai été immédiatement arrêté par la police et j’ai passé quatre mois en prison. Lorsqu’ils m’ont relâché, je suis passé en Grèce. Là, j’ai été à nouveau arrêté et battu brutalement. J’ai ensuite été expulsé sans ménagement vers la Turquie. J’ai quand même décidé de faire une nouvelle tentative.
Après un long parcours, je suis arrivé à Bruxelles le 17 juillet 2022. Ma procédure d’asile a débuté le lendemain. Malheureusement, il n’y avait plus de place dans les centres d’accueil. J’ai donc passé environ 60 jours dans la rue, avec d’autres. C’était très dur, car nous n’avions que des bouts de carton pour dormir.
Depuis ce moment-là, je n’arrive plus à m’endormir tôt. Mon corps est habitué à ne s’endormir qu’à deux heures du matin, quand le bruit diminue. Je me sens encore très stressé suite à ces nuits dehors.
Maintenant, je vis au Petit-Château. Il y a un grand manque d’intimité. Nous vivons à 14 dans une seule pièce, où nous sommes séparés par des rideaux. Quand je vois les gens dormir dans la rue par temps froid, je me sens un peu mieux parce qu’au moins, moi, j’ai un endroit où dormir.
Actuellement, je n’ai que des contacts téléphoniques avec ma femme et mon fils. Ils me manquent beaucoup. J’espère qu’ils pourront bientôt me rejoindre en Belgique, en attendant que la situation en Afghanistan s’améliore.”
Retrouvez le prochain visage le mois prochain!
Les visages de l’accueil est un projet porté par le CIRÉ et Vluchtelingenwerk Vlaanderen
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