L’actualité du printemps 2015 aura été fortement marquée par les naufrages de migrants en Méditerranée. Face à ces drames, le Conseil européen et la Commission européenne ont pris diverses mesures et proposé des solutions. Découvrez notre analyse de cette réaction européenne, ainsi que nos recommandations pour une politique migratoire solidaire et respectueuse des droits humains.
L’actualité d’avril 2015 aura été fortement marquée, une fois de plus, par les successions de naufrages en Méditerranée et les tragiques pertes de vies humaines qui ont dépassé le millier de personnes en quelques jours. En 20 ans, plus de 20.000 personnes migrantes – femmes, hommes et enfants – sont mortes aux frontières de l’Europe.
Alors que la société civile s’indigne et que d’importantes mobilisations ont eu lieu pour que l’Europe sauve ces migrants, les États européens font au contraire le choix de renforcer la sécurisation des frontières et de ne pas s’attaquer aux causes profondes qui poussent les migrants et les réfugiés à tenter de rejoindre l’Europe forteresse au péril de leur vie.
Face à ces situations dramatiques, le Conseil européen s’est dit résolu à agir, enfin, mais ne propose que des mesures essentiellement axées sur, d’une part, le renforcement de la surveillance des frontières européennes et, d’autre part, la lutte contre la migration irrégulière et les trafiquants.
La Commission européenne a, quant à elle, proposé un agenda en matière de migration et proposé des pistes de solutions concrètes. Ces dernières sont, selon nous, insuffisantes pour changer le paradigme actuel de la politique européenne en matière de migration. Les dirigeants européens rechignent pourtant à remettre en cause leur politique de fermeture à l’égard des migrants et des réfugiés et peinent à mettre en œuvre la solidarité qui s’impose face à la crise majeure qui se joue aux portes de l’Europe.
Cette présente analyse fait état des différentes mesures qui sont actuellement discutées et de leur inadéquation pour atteindre l’objectif pourtant proclamé haut et fort par l’Union européenne (ci-après « UE »): éviter de nouvelles tragédies à l’avenir et sauver des vies. Bien au contraire, certaines des mesures envisagées auront juste l’effet inverse. Renforcer Frontex – l’agence européenne de contrôle des frontières extérieures de l’UE, lutter contre les passeurs et les trafiquants, renforcer la coopération avec les pays non membres de l’UE pour qu’ils contrôlent les départs des migrants en amont et se chargent de la protection des réfugiés sont de fausses solutions et risquent de renforcer la dangerosité des routes.
Nous appelons les dirigeants de l’UE à mettre en place une autre politique en matière d’asile et migration, qui soit novatrice et qui respecte réellement les droits fondamentaux des personnes migrantes. Nous appelons à la mise en œuvre urgente d’un véritable plan de sauvetage en mer et de voies légales permettant aux migrants et aux réfugiés, et pas uniquement à une immigration économique choisie, de rejoindre en toute sécurité le territoire de l’Europe. Nous ne sommes par ailleurs pas favorables à une intervention militaire en Méditerranée et demandons à ce que l’UE prenne ses responsabilités et ne se décharge pas sur des pays pauvres et qui ne respectent pas les droits fondamentaux des migrants.
Et nous demandons à la Belgique de plaider, au niveau européen, pour davantage de solidarité et de soutenir, à son niveau, tous les efforts qui sont possibles dans ce sens en accueillant, entre autres, davantage de demandeurs d’asile et de réfugiés sur son territoire.