Naïm est arrivé du Kosovo avec sa famille en Belgique il y a trois ans. Il est actuellement sans-papiers alors que le reste de sa famille a été régularisée en tant qu’accompagnants de son jeune frère handicapé. Lui était majeur quand il est arrivé en Belgique et n’a donc pas pu bénéficier de cette régularisation. Ses deux demandes d’asile ont été rejetées.
Naïm n’est pas allé à l’école au Kosovo ou, plutôt, juste “une demi-heure”, à six ou sept ans. Les coups des professeurs albanais l’ont dissuadé d’y retourner. Du coup, il a commencé à travailler: pour un centime d’euro, il pliait les vêtements de militaires, récupérés par d’autres puis revendus dans la rue. Il a appris l’italien ensuite, grâce aux carabinieri, militaires italiens qui assuraient le maintien de la paix dans son village.Il remercie la Belgique parce qu’ici il se sent enfin libre, il peut “respirer” et parce que ses frères vont à l’école.
Fils aîné, c’est lui qui veillait sur la famille en l’absence de son père, parti en Macédoine pour tenter de faire du commerce.
Son voisin lui apprend la mécanique et, grâce aux quelques économies de sa mère, il achète du matériel et offre ses services à des tarifs compétitifs… À côté de cela, Naïm travaille aussi un peu en maçonnerie, pour pas grand-chose. Et puis, à 17 ans, il accompagne son père en Italie pour acheter et revendre des vêtements à bas prix. Ils feront de nombreux aller-retour entre Trieste et le Kosovo.
En 2008, des Albanais ont attaqué le village de Naïm. Sa maison a été détruite et tous les Roms ont été chassés. Sévèrement blessé, Naïm est resté deux jours dans le coma. Quand il est sorti de l’hôpital, sa famille était à la rue. Il a dû se débrouiller pour collecter des objets et des vêtements qu’il a revendus sur les marchés. Au bout de quelques mois, ils avaient suffisamment d’argent pour partir en Europe avec des passeurs. Lorsqu’ils sont arrivés en Belgique, la famille n’avait aucune idée de l’endroit où elle avait atterri. Après deux ans passés au Petit-Château, la famille a été régularisée et vit maintenant à Anvers.
Naïm, lui, est sans-papiers et donc sans boulot officiel. Mais pas sans espoir. Il travaille un peu au noir (mécanique, maçonnerie) et se débrouille comme il peut avec ce qu’il a appris. Il remercie la Belgique parce que, dit-il, ici il se sent enfin libre, il peut “respirer” et parce que ses frères vont à l’école. Il baragouine plutôt bien le français, le néerlandais et l’anglais en plus du rom, de l’italien, de l’albanais et du serbe appris au pays. Aujourd’hui, il aimerait bien travailler, apprendre et aider les autres, pourquoi pas…