Les visages de l’accueil: Samuel

Je ne m’attendais pas à voir et à vivre ça dans ce pays. Je pensais qu’on y respectait les droits humains.

Témoignage recueilli par le CIRÉ

Je suis arrivé en Belgique en janvier et j’ai introduit une demande d’asile, mais je n’ai pas obtenu de place d’hébergement. Pour ne pas devoir dormir à la rue, j’ai suivi un autre demandeur d’asile qui avait une place temporaire au Samusocial, au Stade Roi Baudouin. C’était saturé, mais j’ai eu un lit dans le réfectoire. Cinq jours plus tard, le stade a été évacué et j’ai été remis à la rue.

De peur d’être à nouveau à la rue, j’ai quitté le centre pour aller au canal, mais je suis arrivé trop tard.

En me rendant au Hub humanitaire, j’ai entendu parler d’un squat rue des Palais à Schaerbeek, où je me suis installé. Il y a eu des enregistrements des personnes présentes pour des hébergements, mais je n’ai pas réussi à me faire enregistrer. 

Le 14 février, ils nous ont évacués du squat, avec la promesse de nous trouver à tous des places en centre d’urgence. Trois bus sont arrivés. Certains – dont moi – ont été placés en centre d’urgence, d’autres ont été placés à l’hôtel. 

Je pouvais rester au centre pendant 28 jours avant d’être remis à la rue. Après quelques jours, j’ai appris que de nombreux demandeurs d’asile dormaient le long du canal et se faisaient enregistrer. De peur d’être à nouveau à la rue, j’ai quitté le centre pour aller au canal, mais je suis arrivé trop tard.

Les occupations sont une solution à laquelle on est amené car on n’a pas de logement, on n’a pas d’autre solution, c’est notre seul espoir.

J’ai donc commencé à dormir au canal avec les autres. On a formé un petit groupe et on a reçu le soutien d’une équipe de volontaires et d’une avocate, pour essayer de trouver une solution. Après quelques jours, on est allé s’installer au bâtiment de l’allée du Kaai, mais 2 jours plus tard, on a été évacué de force et à nouveau remis à la rue.

L’équipe de soutien nous a alors proposé d’occuper le futur centre fédéral de crise, en nous prévenant qu’avec cette occupation, le risque d’évacuation était important. Vu ma situation, j’ai décidé de tenter. Très rapidement, les forces policières sont arrivées. Ça a été le début d’une longue phase de mobilisation et de négociation. L’équipe de soutien a réussi à calmer la situation et à empêcher l’évacuation. On s’est vu proposer un accord par un juge de paix pour les 70 personnes présentes : il nous permettait d’être hébergés temporairement en centre d’urgence, avant d’être relogés dans un centre Fedasil dans un délai de 3 mois. 

Je suis donc aujourd’hui hébergé dans un hôtel, en attente d’être transféré vers un centre Fedasil. J’espère vraiment que cela va aboutir, car au Petit-Château on m’a indiqué que pour les personnes arrivées en janvier, il fallait encore attendre 7 mois. 

Je trouve cette situation vraiment incompréhensible. Les occupations sont une solution à laquelle on est amené car on n’a pas de logement, on n’a pas d’autre solution, c’est notre seul espoir.

Je garde quand même l’espoir d’avoir une place d’accueil. J’aimerais rester en Belgique et travailler dans le bâtiment.

La réalité ne correspond pas du tout aux discours que l’on entend de la part du gouvernement et de la secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration. On me dit que je dois attendre 7 mois pour obtenir un hébergement, pourtant certaines personnes arrivées après moi en ont déjà un. Je ne comprends plus rien.

Si le gouvernement ne souhaite pas nous donner d’hébergement, autant ne pas du tout nous donner le statut de demandeur d’asile, car les droits qui devraient venir avec ce statut sont inexistants. 

Je ne m’attendais pas à voir et à vivre ça dans ce pays. Je pensais qu’on y respectait les droits humains. Je garde quand même l’espoir d’avoir une place d’accueil. J’aimerais rester en Belgique et travailler dans le bâtiment.”

Retrouvez le prochain visage le mois prochain!

Copyright: Justine Dofal

Les visages de l’accueil est un projet porté par le CIRÉ et Vluchtelingenwerk Vlaanderen

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