Alaa a fui les violences à Gaza. Sa maison a été détruite, sa mère et son frère ont été blessé·es.
Témoignage recueilli par Vluchtelingenwerk Vlaanderen
“Après un voyage difficile de près de deux ans, principalement à pied, je suis arrivé en Belgique, dans le parc à côté du Petit-Château. Après plusieurs heures, j’ai pu entrer dans le Petit-Château pour prendre rendez-vous. Le lendemain matin, j’ai réussi à introduire une demande d’asile, puis on a pris mes empreintes digitales et on m’a remis mon annexe. On m’a alors dit qu’il n’y avait pas de place pour moi ici et que je devais trouver une solution par moi-même. On m’a aussi conseillé de trouver un avocat, et c’est tout.
Je n’ai eu aucun des droits que ce pays était censé me garantir.
Pendant 35 jours, je n’ai eu ni abri, ni eau, ni nourriture. Je n’avais rien. Je n’ai eu aucun des droits que ce pays était censé me garantir. Parfois je dormais dans la gare, parfois je dormais à la belle étoile dans la rue à côté du Petit-Château. Heureusement, je pouvais de temps en temps compter sur un ami qui vivait la même chose. J’ai réussi à traverser ces 35 jours en vie et en bonne santé, mais j’en garde des séquelles. Imaginez que vous deviez passer la nuit dans un endroit dangereux, sans ressources vitales. Lorsque je dormais dans la rue, je veillais à ne jamais m’endormir profondément. J’allais de temps en temps vérifier si quelqu’un représentait une menace, ou avait besoin d’aide. On ne sait jamais qui peut s’approcher la nuit.
Je ne me sentais pas bien psychologiquement pendant cette période. Je n’arrive toujours pas à dormir correctement, j’ai beaucoup de pensées sur tout ce que j’ai vécu pendant cette période.
Aujourd’hui encore, je ne dors pas bien et je ne sais pas si je pourrai récupérer un jour.
Jusqu’à présent, ma vie a été très difficile, à Gaza et dans mon exil. Tout ce qui m’est arrivé se bouscule sans cesse dans ma tête. J’entends encore les bombardements que nous avons subis. Je n’arrive pas à les oublier. Mais même si les conditions en Belgique sont très difficiles, elles sont toujours meilleures qu’à Gaza. Ce que je veux dire, c’est que les conditions les pires en Belgique seraient les meilleures à Gaza…
Ce que je veux faire maintenant, c’est terminer la procédure de prise d’empreintes digitales et obtenir un permis de séjour. Ensuite, je veux étudier dans la région où je pourrai m’installer, soit du côté néerlandophone, soit du côté francophone. Je veux apprendre la langue et essayer de faire reconnaître mon diplôme universitaire, pour pouvoir poursuivre mes études et trouver un emploi dans mon domaine”.
Retrouvez le prochain visage le mois prochain!
Les visages de l’accueil est un projet porté par le CIRÉ et Vluchtelingenwerk Vlaanderen
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