Les CPAS et la crise de l’accueil

Les CPAS ne sont légalement pas compétents pour intervenir au premier stade de la procédure de demande d’asile. Le changement de la procédure d’asile fait que le prime opérateur est FEDASIL.

Dans les faits, les CPAS sont obligés d’accueillir tous ceux que FEDASIL ne peut plus recueillir. La réforme devait simplifier et accélérer la procédure et, nous le savons, c’est tout le contraire qui se produit.De cette situation, trois “victimes” sont à dénombrer: les demandeurs d’asile, les CPAS et le personnel des CPAS.

Les demandeurs d’asile, premières victimes

“Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l’asile d’autres pays. Chacun peut mener une vie conforme à la dignité humaine.”

Deux phrases riches de sens et lourdes de conséquences dans un système belge de plus en plus décentralisé, qui complexifie la procédure sans adéquation envers la détresse psychosociale de personnes ne recherchant finalement qu’une situation d’apaisement. Rappelons-nous que celles-ci ont fui leurs contrées sans avenir, pour échapper à la guerre, à la persécution, au viol ou tout simplement à la mort.

Les CPAS, victimes institutionnelles

Pour tout ce que le fédéral ou le régional ne sait pas ou ne veut pas faire, le CPAS est là (fonds mazout, chasse aux travailleurs sans emploi…). Des politiques qui, même s’il y a intervention financière du niveau de pouvoir concerné, sont loin de couvrir les coûts réels.

Le personnel des CPAS sous pression

Le nombre de demandes d’aide ne cesse d’augmenter et ce sont des agents débordés qui font face à des tensions nouvelles (agents moins disponibles, mécontentement de certains usagers, propos xénophobes). Cette situation génère aussi une concurrence en termes d’accès au logement. L’habitat à bas prix, déjà inférieur à la demande, entraîne une compétition entre candidats précaires. Les marchands de sommeil profitent de cette situation pour louer des biens qui ne souffriront pas de plaintes puisqu’il y a d’autres candidats moins regardants.

La Belgique, au niveau fédéral, consacre une part de ses budgets à l’accueil des demandeurs d’asile. Je m’en félicite et nous pouvons faire mieux encore. C’est au CPAS que revient maintenant d’aider ces “surnuméraires”. Au-delà de l’intervention fédérale, il n’en demeure pas moins que les frais inhérents au personnel et les frais de fonctionnements demeurent à la charge du CPAS et donc du contribuable local. Il revient donc aux CPAS de consentir, s’ils le peuvent, à l’engagement de personnel pour gérer les nouvelles demandes. Dans le cas contraire, c’est au personnel en place de porter le poids de cette gestion.

Alors oui, les CPAS doivent permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité humaine, mais ils ne peuvent se substituer aux autres niveaux de pouvoir. Ils répondent déjà à tant de missions et ne peuvent être le prime opérateur de l’aide aux demandeurs d’asile.

Il est indispensable:

  • de gérer la crise permanente du réseau d’accueil des demandeurs d’asile ;
  • de créer des places d’accueil en suffisance ; 
  • d’équilibrer les flux d’entrées et de sorties du réseau d’accueil ; 
  • d’avoir recours, s’il échet, à d’autres mécanismes permettant d’une manière ou d’une autre de réduire la charge de certains CPAS. 

L’accueil optimal des candidats à l’asile doit passer par le financement correct des CPAS dans le cadre de leurs missions, en ce compris celle de l’accueil des demandeurs d’asile.
Nous devons être à la mesure de nos engagements internationaux. Je ne suis pas de ceux qui veulent une politique d’accueil encore plus restrictive. Non, notre Royaume n’accueille pas toute la misère du monde et doit honorer les traités dont il est signataire. 

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