Témoignage de Marie-Claire Leroux, assistante sociale au “Service des réfugiés” du Centre social protestant
Un éternel recommencement. C’est ainsi que Marie-Claire Leroux, du Centre social protestant, décrit la crise de l’accueil. “J’ai retrouvé de vieilles coupures de presse. En 83, on avait titré “année terrible””, se souvient-elle.
Active depuis 1978 dans le domaine de l’accueil de demandeurs d’asile, Marie-Claire Leroux se décrit comme une des mémoires du secteur, ayant connu tout au long de sa carrière plusieurs des grandes étapes qui ont marqué l’accueil en Belgique. “À chaque moment, chaque étape, il y a des gens qui ont souffert des décisions et du système”. Pour répondre au manque de places, “le pouvoir politique a souvent mis en œuvre des mesures pour vider les centres” poursuit-elle. On a ainsi l’exemple de la suppression du droit à l’accueil, entre 95 et 98, pour les demandeurs d’asile en recours au Conseil d’État.“À chaque moment, chaque étape, il y a des gens qui ont souffert des décisions et du système” “Aujourd’hui, ils ont trouvé que les personnes avec un 9ter, une demande médicale recevable, devaient également quitter les centres alors que leur statut reste très précaire.” Pour Marie-Claire Leroux, “il faut vraiment souligner le travail des ONG qui ont toujours essayé d’être présentes pour trouver des solutions concrètes et pour se battre au niveau politique”. Les ONG pointent en effet du doigt le manque de places d’accueil depuis longtemps. “Mais il serait inexact de dire qu’elles ont milité pour la création de grands centres d’accueil collectif”, dit-elle.
Aujourd’hui, on n’a toutefois jamais connu de situation aussi grave, selon elle. “Il est vrai que la loi “Accueil” a mis l’accent sur la qualité de l’accueil, en limitant le séjour en centre communautaire et en ne se contentant pas du gîte et du couvert. Mais ce qu’on connaît depuis 2010 n’est pas du même ordre. Aujourd’hui, les procédures s’allongent, on a des gens logés dans des hôtels sans accompagnement, donc loin de la philosophie de la loi “Accueil”. En nombre et en volume, on n’a jamais connu ça.”