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Communiqué du 19 septembre 2011: Familles Roms à la rue: la Belgique, les autres États membres et l'Europe doivent se saisir d'urgence du problème!

Aujourd’hui, des familles enières se sont retrouvées à la rue, après leur expulsion de la Gare du Nord. Elles sont Roms, pour la plupart. Leur situation est dramatique et complexe. Plutôt que de faire la politique de l’autruche, pourquoi la Belgique ne prend-t-elle pas ce problème à bras-le-corps, en invitant les autres États européens à faire de même ?

Ce matin, des familles Roms ont été expulsées de la Gare du Nord. Envoyées à la rue, elles rejoignent ainsi les familles Roms slovaques et tchèques qui se sont retrouvées dans la même situation en juin dernier et qui errent aujourd’hui de squats en squats. D’autres viendront certainement grossir le rang de ces infortunés dans les mois qui viennent.

Ces ressortissants de l’Union européenne sont chassés de leur pays d’origine par la misère et les violences de groupes extrémistes. Les États dont ils ont la nationalité n’ont visiblement pas la volonté de leur offrir une véritable protection contre les discriminations et les violences. Ni même de mettre en place des solutions pour lutter contre les persécutions séculaires dont ils sont victimes et pour favoriser leur intégration. Alors, ces Roms prennent la route en espérant trouver la sécurité et survivre ailleurs. Arrivés ici, ils ne peuvent bénéficier d’aucune aide officielle.

En Belgique, face à la situation dramatique de ces personnes, c’est l’impasse. Chaque autorité communale confrontée à ce problème renvoie la balle à une autre, de peur de devoir assumer seule l’accueil et l’accompagnement de familles Roms, toujours plus nombreuses. Or, si les solutions ne sont pas aisées, il est cependant impensable de laisser ces personnes dans cette situation de dénuement total. Il n’est pas tenable non plus de laisser les seules bonnes volontés associatives et citoyennes leur porter assistance. Et ces aides (logements insalubres, solutions au jour le jour, dons de nourriture…) n’offrent aucune solution durable. La Belgique se doit également – comme les autres États membres européens – de respecter ses obligations internationales, notamment au regard de la Convention internationale des Droits de l’enfant.

Alors que faire? 

Les aides humanitaires sont indispensables mais insuffisantes. L’urgence de la situation de ces familles demande de sortir de l’ornière du bricolage à court terme. Elle demande un véritable courage politique. Celui d’agir concrètement au niveau belge. Celui de sommer les États membres de l’Union européenne (UE) de faire de même. Et celui de dénoncer les États européens qui laissent perdurer sur leur territoire des situations d’apartheid.

C’est pourquoi, nous demandons, concrètement :

  • Une réunion d’urgence au niveau belge, rassemblant les autorités locales et fédérales, pour trouver des solutions durables aux problèmes rencontrés par ces familles Roms.
  • Une réunion d’urgence au niveau européen, pour que les États membres se saisissent aussi de cette question. La Belgique est loin d’être la seule concernée ; les solutions d’accueil et d’accompagnement pour les Roms doivent se prendre collectivement. Pourquoi ne pas imaginer que chaque État membre s’engage à accueillir et intégrer un certain nombre de familles Roms présentes sur son territoire ?
  • Une interpellation urgente des pays de provenance, par l’UE, sur leurs politiques – inexistantes ou insuffisantes – d’aide et d’intégration des Roms. Où sont engloutis les milliards d’euros censés aider les pays de provenance à lutter contre les inégalités, les discriminations et l’exclusion? Que l’UE envoie des observateurs et qu’elle se montre ferme tant que ne sont pas prises des mesures à la hauteur du problème existant.

Il est urgent que la Belgique et les autres États d’Europe « de l’Ouest » se concertent pour trouver des solutions véritables, sur la base de plans d’action concrets. Pour que les « laissés-pour-compte européens » cessent de l’être. Et pour que, collectivement, ces États prennent la part qui leur incombe dans ces situations aujourd’hui désespérées.

Entre « ne rien faire » et l’utopie (résoudre rapidement le problème séculaire des populations Roms), des solutions pragmatiques et responsables existent, et doivent être mises en oeuvre dès maintenant.

Rocard a dit, en son temps, « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde mais chaque État doit en prendre fidèlement sa part », et c’est ce qu’il faut absolument faire aujourd’hui.

Contact presse
Malou Gay, Directrice-adjointe du CIRÉ, +32 2 629 77 24

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