Depuis le 15 décembre 1980, la Belgique dispose d’une loi qui définit le statut juridique des étrangers et les conditions de leur séjour sur le territoire. Auparavant, leur situation relevait principalement d’une loi du 28 mars 1952 sur la police des étrangers. Véritable “usine à gaz” comptant près de cent articles, la loi de 1980 sera très régulièrement modifiée (plus de vingt fois à ce jour). En 1996, le ministre de l’Intérieur de l’époque se prépare à faire voter un train de modifications de la loi du 15 décembre 1980 qui passeront à la postérité sous le nom de “lois Vande Lanotte”. Celles-ci seront finalement votées le 4 mars 1996. Dans le train de mesures proposées, un article 77 (amendé depuis lors), qui visait à criminaliser toute aide apportée aux étrangers en séjour irrégulier, heurta particulièrement ceux pour qui la solidarité concrète avec tout être humain restait un principe sacré. Ceux-là furent révulsés à la seule idée que le civisme imposait désormais aux bons citoyens de dénoncer à la police en vue de leur expulsion ceux qu’on n’appelait pas encore des “sans-papiers”. Ce qui rappela quelques souvenirs aux plus anciens…
Depuis le 15 décembre 1980, la Belgique dispose d’une loi qui définit le statut juridique des étrangers et les conditions de leur séjour sur le territoire. Auparavant, leur situation relevait principalement d’une loi du 28 mars 1952 sur la police des étrangers. Véritable “usine à gaz” comptant près de cent articles, la loi de 1980 sera très régulièrement modifiée (plus de vingt fois à ce jour). En 1996, le ministre de l’Intérieur de l’époque se prépare à faire voter un train de modifications de la loi du 15 décembre 1980 qui passeront à la postérité sous le nom de “lois Vande Lanotte”. Celles-ci seront finalement votées le 4 mars 1996. Dans le train de mesures proposées, un article 77 (amendé depuis lors), qui visait à criminaliser toute aide apportée aux étrangers en séjour irrégulier, heurta particulièrement ceux pour qui la solidarité concrète avec tout être humain restait un principe sacré. Ceux-là furent révulsés à la seule idée que le civisme imposait désormais aux bons citoyens de dénoncer à la police en vue de leur expulsion ceux qu’on n’appelait pas encore des “sans-papiers”. Ce qui rappela quelques souvenirs aux plus anciens…
L’annonce du projet de loi en septembre 1995 sera le déclencheur d’une contre-offensive impulsée par un arc d’organisations qu’on retrouvera depuis lors à la pointe de toutes les manifestations en défense des droits des migrants. Elles seront 240 à signer l’appel pour une manifestation organisée le 31 mars 1996 devant l’ancienne caserne du Petit-Château, à Bruxelles, transformée depuis dix ans en centre d’accueil pour les demandeurs d’asile.
240 organisations, mais à peine quelques centaines de manifestants. Déception. Même au plus fort des mobilisations qui se succèderont dans les années à venir, le succès de foule ne sera que très rarement au rendez-vous. La conviction inébranlable de militants courageux pour qui les “sans-papiers” sont les damnés de la terre du temps présent se révèle incapable d’entraîner l’adhésion populaire. Ce n’est pas le moindre des problèmes.
Devant ce maigre auditoire, à la tribune de fortune qui se dresse devant le Petit-Château, un défilé d’orateurs vient dénoncer la politique migratoire du gouvernement. Il faut une autre politique, plus respectueuse des droits humains. Oui, mais laquelle ? L’Europe forteresse, on n’en veut pas. Veut-on les frontières ouvertes? Complètement ouvertes, à moitié, aux trois quarts ? Ce jour-là, on restera dans le flou, et on n’en est toujours pas sorti depuis.