En Syrie, la situation des populations civiles se dégrade si fortement et si rapidement en 2013 que l’ONU n’hésite pas à parler de la plus grande crise humanitaire de ces dernières années, après le génocide rwandais.
De 500.000 environ fin 2012, le nombre de réfugiés bondit à plus de 2 millions durant l’année 2013. La moitié de la population syrienne vit aujourd’hui en situation d’extrême précarité, qu’elle soit déplacée à l’intérieur du pays, assiégée ou réfugiée dans les pays limitrophes.
La pression démographique des réfugiés sur les pays voisins atteint désormais un niveau insoutenable. Par exemple, le Liban a vu sa population augmenter de plus de 25%. C’est un peu comme si la Belgique devait en quelques mois absorber 2 à 3 millions de réfugiés. Les risques ne sont pas seulement de nature économique – pression sur des économies fragiles – ou environnementale, comme en Jordanie où le camp de réfugiés de Za’atari concentre à lui seul plus de 100.000 réfugiés.
Dans une région où les équilibres politiques sont étroitement dépendants des équilibres ethniques et religieux, l’afflux de population étrangère comporte un risque évident de déstabilisation. C’est en partie la raison pour laquelle aucun des pays voisins – Irak, Liban, Jordanie et dans une moindre mesure Turquie – n’est signataire de la Convention de Genève de 1951 sur les réfugiés. Privés de statut, interdits d’emploi la plupart du temps, les réfugiés syriens sont donc dans une position particulièrement précaire, d’autant plus que les États qui les ont accueillis ont déjà sur leur sol des populations réfugiées des crises précédentes (Irak, Palestine…).