Semira Adamu

Avec sa mort, la Belgique a pris conscience de sa politique d’enfermement et d’expulsion. Semira Adamu était soutenue par le Collectif contre les expulsions, qui avait médiatisé son cas, et était devenue une figure emblématique de la résistance des personnes détenues en centres fermés. Avant de subir des mauvais traitements et de décéder lors de son expulsion.

Semira Adamu était une jeune nigériane de 20 ans. Elle était arrivée en Belgique en mars 1998 pour échapper à un mariage forcé. L’asile lui a été refusé et elle a été directement détenue au centre 127 bis. Elle était soutenue par le Collectif contre les expulsions, qui avait médiatisé son cas, et était devenue une figure emblématique de la résistance des personnes détenues en centres fermés. Elle avait déjà subi cinq tentatives d’expulsion, dont une très violente. Ils lui appliqueront la technique dite “du coussin” et l’étoufferont pendant près de quinze minutes, provoquant un coma. Elle décèdera le soir-même aux cliniques Saint-Luc.

Le 22 septembre, les gendarmes qui allaient procéder à sa sixième tentative d’expulsion avaient, selon leur propre témoignage, reçu l’ordre du ministère de l’Intérieur d’expulser Semira coûte que coûte. Ils lui appliqueront la technique dite “du coussin” et l’étoufferont pendant près de quinze minutes, provoquant un coma. Neuf gendarmes et trois membres de la sécurité de la Sabena avaient été mobilisés…

Ils lui appliqueront la technique dite “du coussin” et l’étoufferont pendant près de quinze minutes, provoquant un coma. Elle décèdera le soir-même aux cliniques Saint-Luc. 

Le ministre de l’Intérieur démissionnera, et cinq gendarmes seront poursuivis en justice par la famille de Semira, la Ligue des droits de l’Homme s’étant aussi portée partie civile. L’expulsion avait été filmée par la gendarmerie, comme c’était la règle à l’époque. Le film insupportable de l’agonie de Semira a été visionné lors du procès.

Le jugement a été rendu en décembre 2003. L’un des deux officiers responsables a écopé de quatorze mois de prison avec un sursis complet pour coups et blessures involontaires. Il a été acquitté pour la prévention de non-assistance à personne en danger. Le second officier a bénéficié d’un acquittement complet, le tribunal ayant relevé qu’il avait pour mission première d’assurer de bonnes relations avec les passagers de l’avion… Les trois gendarmes ont été condamnés à un an de prison avec sursis total pour coups et blessures involontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

L’État belge, qui comparaissait en tant que responsable des cinq gendarmes, a été condamné à payer des dommages et intérêts aux parties civiles. Par ce jugement, la mort de Semira ne relevait donc plus, en droit, que d’un malheureux accident de parcours… 

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