Le projet intitulé “Information et accompagnement au projet de retour volontaire” a été initié par le CIRÉ en partenariat avec le Service social de Solidarité socialiste (SESO). Ce projet, d’une durée d’un an et débuté en janvier 2010, avait pour but d’accompagner les migrants, demandeurs d’asile, demandeurs d’asile déboutés et personnes en séjour irrégulier dans une projection constructive de leur expérience migratoire, éventuellement en vue d’un retour.
L’idée était de préparer au mieux les personnes envisageant un retour à ce nouveau départ, à travers un soutien de type psychologique et social, et ainsi d’assurer une meilleure réintégration au pays d’origine.
L’idée du projet partait de plusieurs constats. Premièrement, le fait que le retour volontaire fait l’objet d’une désinformation auprès des migrants de façon générale et que l’information n’est pas toujours donnée de manière adaptée.
En effet, quand elle a lieu c’est généralement pour signifier à la personne qu’elle ne peut pas rester légalement ici et qu’elle doit renoncer aux rêves qu’elle nourrissait dans le cadre de son parcours migratoire. Le retour au pays d’origine via le retour volontaire perd alors son sens de projet de vie et suscite davantage un sentiment d’échec. En second lieu, le CIRÉ et SESO ont mené ce projet afin d’offrir un accompagnement psycho-social aux personnes envisageant un retour, qui viendrait en amont du travail des opérateurs de retour.
Avec le lancement d’un tel projet se pose la question épineuse de l’ambivalence du retour volontaire. D’un côté, il y a la volonté de diminuer voire de supprimer le recours au retour forcé, pratique reflétant bien la violence symbolique qui est d’application en Belgique et en Europe en général. Et, d’un autre côté, la politique actuelle propose comme solution le retour volontaire, qui peut être perçu comme une façon plus douce pour l’État de s’assurer que les personnes sans titre de séjour ont effectivement quitté le territoire belge.
Dans un tel contexte, nous nous sommes posé la question fondamentale de savoir si un projet d’accompagnement au retour volontaire répondait réellement à un besoin car les personnes bénéficiant du programme Reab se lancent dans la plupart des cas dans un retour “consenti” faute d’alternatives. Cette question de la demande des bénéficiaires nous a sans cesse guidés dans nos décisions afin de nous rapprocher le plus possible de la réalité des personnes et de leurs besoins. Le lecteur s’apercevra d’ailleurs, au fil de sa lecture, que ces questionnements autour de la légitimité du retour volontaire ont grandement influencé la construction de notre méthodologie.