On s’indigne – quelques jours au moins – des nombreuses morts en méditerranée. On frôle l’indifférence à l’égard des sans-papiers qui tentent de faire entendre leur voix. Pourtant, leur combat continue. Cette analyse revient brièvement sur le contexte politique et l’histoire de cette mobilisation, avant de réaffirmer le rôle et la position du CIRÉ par rapport à cette cause.
Qu’il s’agisse de ceux et celles qui traversent la méditerranée ou des personnes sans droit de séjour en Belgique, ce sont les mêmes visages. Les seconds sont parvenus à pénétrer dans la forteresse européenne. Mais ils partagent le manque cruel de sécurité d’existence et subissent une même politique : celle du déni. Aux uns, on refuse l’entrée/le passage, alors qu’ils fuient des conditions de vie indignes. Aux autres, on refuse le droit d’être là, alors qu’ils participent à notre société – souvent depuis des années – et ont pour la plupart leurs liens affectifs ici.
La cause des sans-papiers et un combat récurrent, qui ressort par vagues régulières, parce qu’il résulte de manquements structurels aux politiques migratoire et de séjour belges, et parce qu’il parle de dizaines de milliers de personnes, qui vivent dans le quasi-non-droit sur notre territoire.
Pour le CIRÉ, l’existence de sans-papiers est le produit du caractère injuste et inadapté des politiques migratoires belges et européennes. Les personnes concernées en payent le prix fort, à savoir, leurs droits fondamentaux et leur dignité.
Malgré les graves conséquences de leurs choix, les gouvernements s’obstinent. Tandis que les nouveaux naufrages en mer débouchent sur le renforcement des contrôles et de la répression aux frontières, la mobilisation d’un nombre croissant de sans-papiers – qui parlent pour des dizaines de milliers d’autres – crispe les mâchoires de nos responsables, qui jurent de tenir à l’écart toute campagne de régularisation.
Mais tant qu’ils n’envisageront pas une politique d’immigration plus ouverte, le scénario d’une incontournable régularisation se reproduira à échéances régulières, et ce à l’infini.