© FEDASIL-Isabelle Pateer

La touche “convivial”

Quand Jean Bosco est reconnu réfugié, un véritable défi l’attend. Il doit reconstruire sa vie dans un pays dont il ne connaît ni les “codes” ni le fonctionnement. Il vit seul et il a été “nourri, logé, blanchi” dans un centre d’accueil pendant des mois…

C’est pour accompagner le demandeur d’asile dans ce processus que l’asbl Convivial a été créée en 1996. L’association tente “de prendre en compte les besoins tant matériels que psychologiques des réfugiés qui quittent les centres d’accueil” explique Bruno Gilain, directeur de l’association.

C’est au hasard d’une conversation avec une bénévole du Petit-Château que Jean Bosco apprend l’existence de Convivial. “Une rencontre déterminante“, confie-t-il. Il n’a pas encore trouvé de logement alors qu’il doit bientôt quitter sa structure d’accueil. Il décide alors de pousser la porte de cette association.

Accès au logement

L’antenne “Logement” de Convivial accompagne les réfugiés ou les demandeurs d’asile dans leur recherche de logement ou les aide à conclure leur contrat de bail avec un propriétaire. “On pourrait dire qu’on joue les “facilitateurs”, en quelque sorte, explique Bruno Gilain. Le défi est de convaincre le propriétaire de louer son logement à une personne qui bénéficie d’un revenu d’intégration. L’association tente “de prendre en compte les besoins tant matériels que psychologiques des réfugiés qui quittent les centres d’accueil”.

L’asbl apporte également un soutien pour la garantie locative et facilite les contacts avec le CPAS. “Un autre travail du service “Logement” consiste à identifier et à fidéliser des propriétaires dits “sympathiques”, c’est-à-dire favorables à l’idée de louer un logement à ce public“, précise Bruno Gilain.

L’accès au logement est difficile en soi mais quand on est une personne d’origine étrangère et qu’on ne connaît pas les pratiques, c’est encore plus délicat.

En général, une personne dispose de deux mois pour quitter un centre d’accueil mais, dans la pratique, il faut en moyenne six mois pour que cette personne soit totalement installée“, ajoute Véronique Regout, responsable du service “Écoute” à Convivial.

Démarches administratives

Convivial dispose également d’une équipe spécialisée composée notamment d’anciens réfugiés qui accompagnent la personne dans ses démarches administratives: inscription à la commune, suivi avec le CPAS, inscription des enfants à l’école ou encore d’autres démarches qui dépendent de la situation de la personne.

Finalement, c’est à Anvers que Jean Bosco dépose ses valises dans un premier temps. “Parce que les loyers y sont moins chers qu’à Bruxelles et que je connaissais des personnes qui vivaient là.” Il a d’abord pris contact avec le propriétaire renseigné par Convivial. Ensuite, celui-ci lui a fait visiter un studio meublé. Rapidement, les deux parties signent un projet de bail. Jean doit alors prendre contact avec le CPAS où il rencontre un assistant social. Finalement, le CPAS accepte de se porter garant.

Regroupement familial

Une fois installé dans mon studio, la première difficulté a été de me retrouver seul pour cuisiner“, confie-t-il. Jean Bosco trouve un premier emploi en tant que travailleur saisonnier. Au bout d’un certain temps, sa situation stabilisée ici, Jean Bosco introduit une demande de regroupement familial. Malgré les difficultés administratives liées aux preuves à fournir dans le cadre d’un regroupement familial, les choses ne traînent pas.

Son studio étant trop petit pour pouvoir accueillir sa femme et ses enfants, il se met en quête d’un autre logement, sur Bruxelles cette fois. Et c’est à Anderlecht qu’il trouve un appartement correspondant à ses critères. Une fois encore, sa route croise celle de Convivial puisque l’association l’aide à se constituer un complément de garantie pour pouvoir louer ce bien plus grand destiné à accueillir sa famille.

Afin de préparer au mieux la venue de ses proches, Jean Bosco se rend à l’AIMA (pour “Aide Matérielle”) appelé plus communément “le Vestiaire”, c’est-à-dire un ancien entrepôt où réfugiés et demandeurs d’asile pourront se procurer du matériel de type meubles, lits, vêtements, électro-ménager, ustensiles de cuisines…

Accompagnement et bilan socioprofessionnel

Convivial offre également, dès le premier accueil, un suivi global de la personne dans le cadre de son service “Écoute”: bilan des besoins, relais adéquat pour mener la procédure d’asile, relais vers les services de Convivial, soutien dans la démarche de regroupement familial, orientation des personnes qui ont des besoins médicaux ou psychologiques vers des services d’aide à la santé mentale ou des services médicaux… “Cet accompagnement se fait aussi via des groupes de paroles, comme ce groupe autour du regroupement familial qui permet de travailler la question des “chocs culturels ou générationnels” qui se présentent souvent lors du regroupement“, explique Véronique Regout.

Convivial réalise également des bilans de compétences et un accompagnement dans la recherche de formations et d’emploi. L’asbl propose aussi des “guidances collectives” qui abordent la vie en Belgique, son histoire, son organisation politique et sociale, avant de travailler activement autour du projet socioprofessionnel des participants.

Finalement, c’est à Convivial que Jean Bosco fera valoir son expérience et ses compétences. Engagé par l’association, il peut de cette façon s’inspirer de son propre parcours et des difficultés qu’il a rencontrées pour conseiller ceux qui, comme lui, ont trouvé refuge ici et tentent de s’insérer au sein de notre société. Convivial s’appuie ainsi aujourd’hui sur l’expérience d’une centaine de travailleurs issus de quelque 24 nationalités différentes.

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