L’intégration en action: portraits

À Bruxelles comme en Wallonie, des associations s’activent au quotidien pour aider ceux et celles qui le souhaitent à s’intégrer au monde qui les entoure. Exemples avec trois associations de Bruxelles et de Wallonie. 

Les ateliers du soleil: ambiance familiale et créative…

Voilà près de quatre décennies que se rencontrent, aux Ateliers du Soleil, des personnes de plus de quarante origines différentes. Situé au cœur de la capitale, le centre a vu le jour à l’initiative de citoyens belges engagés et de réfugiés politiques turcs animés par la volonté de lutter contre l’exclusion. Chaque année, il propose à des centaines de Bruxellois d’origine étrangère des ateliers créatifs, des cours de français, d’alphabétisation et d’insertion socioprofessionnelle, ainsi qu’un service social individuel et collectif. Dès l’abord, le ton est donné: on mise sur la créativité ! Les plus belles réalisations des enfants décorent d’ailleurs les murs de la maison, et certaines sont exposées dans les deux grandes vitrines qui ornent la façade.

À l’époque de la création des Ateliers du Soleil, explique Iuccia Saponara, la directrice, le but était d’encadrer des enfants issus de milieux défavorisés, de leur donner accès à la culture et de leur permettre de s’épanouir au travers d’ateliers créatifs.

Dans la lumineuse salle du rez-de-chaussée, les animateurs travaillent avec les enfants, tous âges confondus, autour de grandes tables. C’est l’école des devoirs, un accompagnement scolaire quotidien qui s’est rapidement imposé comme le complément nécessaire des ateliers créatifs. Petit à petit, le rôle primordial que jouent les parents pour l’épanouissement de leurs enfants a mené les Ateliers du Soleil à étendre leur offre d’activités aux adultes. La combinaison des activités pour enfants, pour adultes et pour tous permet un accompagnement social global et “convivial”.  “Nous abordons les thèmes du quotidien au travers des différentes activités, parfois avec humour, poursuit Iuccia Saponara. Les animateurs, dont certains sont d’anciens “apprenants”, sont les mêmes pour les enfants que pour les adultes, ce qui nous permet de  comprendre chaque famille dans son ensemble.”

Les Ateliers du Soleil s’attachent à casser les barrières qui séparent les sexes, les générations et les cultures. “À force de côtoyer les différences, on les efface, explique Iuccia Saponara, alors nous mettons en avant les ressemblances entre les gens. Nous veillons par exemple, dans la composition des groupes, à favoriser un équilibre entre hommes et femmes, et une diversité des origines.»

C’est tout un projet de société qui sous-tend le travail des Ateliers du Soleil: une volonté de revaloriser les personnes, de les encourager à “s’intégrer au monde, et pas seulement à la société d’accueil” et de “faire des enfants des êtres humains qui, à leur tour, pourront changer les choses”.

www.ateliersdusoleil.be

 Le sampa B: Des jeunes parlent

Sur une petite place de Molenbeek se dresse un baobab géant… Et à deux pas de cette fresque colorée s’ouvrent les grilles de l’asbl Lutte contre l’Exclusion Sociale, une association à laquelle la commune délègue certaines de ses missions sociales. C’est au sein de cette association qu’est né en 2000 le Service d’aide aux Molenbeekois primo-arrivants (Sampa). Dix ans plus tard, le service est amené à se réinventer: le Service d’accompagnement des mineurs en procédure d’asile à Bruxelles (Sampa B) voit le jour. Ce nouveau projet offre un encadrement de jour à une soixantaine d’enfants et d’adolescents, dont de nombreux mineurs étrangers non accompagnés (Ména) hébergés dans des hôtels et en grande partie livrés à eux-mêmes.

“Le plus important pour nous, c’est la sécurité humaine” explique un jeune de dix-sept ans. Et c’est cette sécurité que semblent lui apporter, depuis un peu plus d’un mois, les activités du Sampa B. “Ici, on m’écoute et on m’encourage, je peux faire sortir la rage que j’ai en moi. On nous aide aussi à suivre la procédure d’asile, à comprendre le système belge et à connaître nos droits”. “On nous aide avec les avocats, les médecins, ajoute le cadet du groupe, on visite des musées, on se fait des amis, on fait du sport pour oublier le stress, on mange bien à midi…”.

En fonction de leurs besoins, les jeunes suivent des cours d’alphabétisation, de français, de néerlandais ou d’orientation sociale. À ces cours s’ajoutent au moins deux heures de sport par semaine (mini-foot, capoeira…), des activités créatives (peinture, percussions…), des visites culturelles et un suivi socio-juridique. Sans oublier les groupes de parole, au cours desquels les jeunes discutent de ce qui leur tient à cœur.

Et ils ont des choses à dire ! Sur les conditions de vie à l’hôtel par exemple, sur le racisme, sur l’inquiétude et la frustration que provoquent chez eux les tests médicaux destinés à déterminer leur âge (“Qui est-ce que je dois croire, la machine ou ma mère?”). Un jeune explique: “Mon histoire est dure. Les autorités belges ne nous traitent pas bien. À l’hôtel, j’ai posé mille questions. Mais ici, on peut parler librement. Le Sampa, c’est comme mon père.” “Il y a une bonne ambiance et du respect, explique Catherine De Meyer, responsable de l’association. Ce qui permet d’aborder tous les sujets. Y compris la sexualité: ce sont des ados et certains, en particulier les Afghans, sont confrontés à une nouvelle conception des rapports entre hommes et femmes”. Le Sampa est “comme une famille”, mais il y a un cadre bien établi. “Nous insistons sur le respect des règles, notamment sur la ponctualité, ajoute Catherine De Meyer. Ce sont des choses qui leur seront importantes, s’ils étudient ou s’ils travaillent.”

Carrefour des cultures: les diversités au bénéfice d’une société plus juste

Au Carrefour des Cultures, on décline le dialogue à tous les temps et on invente sans cesse de nouvelles manières de faire se rencontrer les cultures. La palette d’activités qu’offre cette asbl, née en 2000 de la rencontre de deux associations de migrants namuroises, est très diversifiée: débats citoyens, événements culturels (concerts, expos, festival “cinéma des cultures”…), cours de langue, ateliers d’expression artistique, projets dans les écoles, animations et formations… L’asbl propose aussi une permanence sociale et de médiation interculturelle. La maison qu’elle occupe à Namur abrite même un studio radio où le Carrefour des Cultures enregistre son émission hebdomadaire “DiversCité”.

Dialogue Orient-Occident: c’est le titre de la série d’événements artistiques et de débats thématiques qu’organise actuellement l’association et qui s’adresse à tous les publics. Car le Carrefour des Cultures ne s’adresse pas qu’aux immigrés. Pour Khalil Nejjar, son président, l’intégration doit être plurielle. “Nous préférons que la démarche d’intégration soit dès le départ une démarche commune. Il faut savoir penser ensemble et sensibiliser les migrants comme les nationaux à l’intégration dans un espace qui ne cesse d’évoluer et de se complexifier.”

Une intégration plurielle, pour une citoyenneté plurielle (et active !). “La présence des minorités et de leurs singularités dans l’espace public est un atout. Notre objectif, c’est de créer des espaces pour donner de la vivacité à la citoyenneté, et des actions qui aident ou motivent les individus à s’investir dans l’espace public.” Parmi ces actions, le projet “Peuples et Cultures”, organisé en 2008, lui tient particulièrement à cœur. “À Namur, les minorités et leurs cultures n’avaient pas de place dans l’espace public, se souvient Khalil Nejjar. L’idée derrière ce projet était de montrer une autre manière de voir ces cultures, et d’amener les minorités à s’approprier l’espace public.”

Pendant quatre semaines, l’Albanie, l’Afrique subsaharienne, le Maghreb et la Turquie ont vu leurs arts plastiques, leur cinéma, leur littérature, leur musique mis à l’honneur à Namur. Une réussite aux yeux de Khalil Nejjar, qui ajoute: “Ce qui nous a fait plaisir, c’est qu’après nous, d’autres associations ont développé des actions du même type… En définitive, Carrefour des Cultures vise à ériger une action associative forte et riche, en mettant les singularités et les diversités au bénéfice d’une société plurielle et juste”.

www.carrefourdescultures.org

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