Directive retour: Evo Morales parle

Le 11 juin 2008, le Président bolivien Evo Morales s’adressait par cette lettre aux parlementaires européens en leur demandant de ne pas voter la “directive retour” qu’il qualifie de “directive de la honte”. Cette directive sera votée par le Parlement européen quelques jours plus tard, le 18 juin.

  • Les Européens sont arrivés dans les pays d’Amérique latine et d’Amérique du Nord en masse, sans visa ni conditions imposées par les autorités. Ils furent toujours bienvenus et le demeurent dans nos pays du continent américain qui absorbèrent alors la misère économique européenne et ses crises politiques. Ils vinrent sur notre continent en exploiter les richesses et les transférer en Europe, avec un coût très élevé pour les peuples premiers de l’Amérique.
  •  Aujourd’hui, l’Union européenne est la principale destination des migrants du monde, conséquence de son image positive d’espace de prospérité et de libertés publiques. L’immense majorité des migrants vient dans l’Union européenne pour contribuer à cette prospérité, non pour en profiter. Ils occupent les emplois de travaux publics, dans la construction, les services aux personnes et dans les hôpitaux, que ne peuvent ou ne veulent occuper les Européens.
  •  Pour nous, nos émigrants représentent l’aide au développement que les Européens ne nous donnent pas – vu que peu de pays atteignent réellement l’objectif minimum de 0,7 % du PIB d’aide au développement.
  •  Il est regrettable que le projet de “directive retour” complique terriblement cette réalité. Si nous concevons que chaque État ou groupe d’États puisse définir ses politiques migratoires en toute souveraineté, nous ne pouvons accepter que les droits fondamentaux des personnes soient déniés à nos compatriotes et à nos frères latino-américains. 
  • Et, pire que tout, il existe la possibilité d’emprisonner des mères de famille et des mineurs sans prendre en compte leur situation familiale ou scolaire, dans ces centres de rétention où nous savons que surviennent des dépressions, des grèves de la faim, des suicides. Comment pouvons-nous accepter sans réagir que soient concentrés dans ces camps nos compatriotes et frères latino-américains sans papiers, dont l’immense majorité travaille et s’intègre depuis des années ?  
  •  Promouvoir d’un côté la liberté de circulation des marchandises et des flux financiers, alors qu’en face nous voyons des emprisonnements sans jugement pour nos frères qui ont essayé de circuler librement… cela est nier les fondements de la liberté et des droits démocratiques. Dans ces conditions, si cette “directive retour” devait être approuvée, nous serions dans l’impossibilité éthique d’approfondir les négociations avec l’Union européenne et nous nous réservons le droit d’imposer aux citoyens européens les mêmes obligations de visa qui nous ont été imposées le 1er avril 2007, selon le principe diplomatique de réciprocité. 
  • J’appelle aussi l’Union européenne à élaborer, dans les prochains mois, une politique migratoire respectueuse des droits de l’Homme, qui permette le maintien de cette dynamique profitable pour les deux continents, qui répare une fois pour toutes l’énorme dette historique, économique et écologique que les pays d’Europe ont envers une grande partie du tiers-monde et qui ferme définitivement les veines toujours ouvertes de l’Amérique latine. Vous ne pouvez pas faillir aujourd’hui dans vos “politiques d’intégration” comme vous avez échoué avec votre supposée “mission civilisatrice” du temps des colonies.
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