La “Snel Belg Wet”, c’est fini! Désormais acquérir la nationalité belge, ça se mérite, en prouvant son intégration, son utilité économique ou sociale. Tel semble bien être le sens de la nouvelle loi sur la nationalité adoptée en décembre 2012. “Devenir Belge: un début ou un fin?”, est le titre de ce dossier entièrement consacré à la question de la nationalité.
Un début ou une fin?
Ce 10ème numéro de migrationsmagazine vous propose d’explorer les différents sens de la nationalité, ses procédures et sa signification politique et sociale. Le caractère dual de la nationalité, renvoyant à la fois au lien juridique de l’individu à l’État et à l’appartenance personnelle à une nation, favorise de fait toutes les manipulations idéologiques et politiciennes. Selon l’état politique et économique du moment, l’accès à la nationalité est donc facile ou restreint, la nationalité étant conçue comme une carte facilitant l’intégration sociale et politique des nouveaux naturalisés ou au contraire comme le point d’arrivée pour les “étrangers méritants”.
Derrière les discours alarmistes des uns et les envolées indignées des autres se cachent en fait deux autres problèmes : qu’est-ce que la nation belge ? Comment vivre dans une société aux origines multiples ?
La Belgique n’échappe pas à ce mouvement de balancier : de 1984 à aujourd’hui, le Code de la nationalité n’a pas cessé de varier. Ajustées en permanence, les lois sur la nationalité relèvent pourtant beaucoup du show politique : comme les autres pays européens, la Belgique est désormais devenue terre d’immigration permanente.
Le “droit du sol” y accompagne le “droit du sang” car il n’y a pas vraiment d’autre choix que de chercher à intégrer les populations durablement installées de façon à ce qu’elles participent pleinement à la vie politique, économique et sociale du pays. Tout au plus peut-on faire varier quelques uns des critères d’admission : temps de séjour, conditions de vie, connaissances linguistiques…
Derrière les discours alarmistes des uns et les envolées indignées des autres se cachent en fait deux autres problèmes : qu’est-ce que la nation belge ? Comment vivre dans une société aux origines multiples ? Sans réponse claire à ces deux questions, la tentation sera grande de continuer à faire porter aux immigrés et étrangers la seule responsabilité de leur intégration sur le territoire national. Or l’intégration et le “vivre ensemble” ne peuvent être que le résultat d’une responsabilité commune, entre eux et nous, d’une synergie et d’un travail toujours à inventer.