3 questions à Mario Gotto

Mario Gotto, qui fut directeur du CIRÉ jusqu’en 2001, a joué un rôle majeur au sein du mouvement de 1999 qui a abouti à une régularisation d’envergure. Dix ans plus tard, la situation des sans-papiers ne le laisse toujours pas indifférent. Il s’exprime sur certaines lacunes de l’opération actuelle dont la principale est le risque qu’il faille attendre très longtemps pour obtenir une décision.

Mario Gotto, vous qui avez contribué au succès du mouvement de 1999, que pensez-vous des dernières mesures qui ont été adoptées en matière de régularisation?

Tout d’abord, je regrette que la place réservée à la Commission consultative des étrangers soit si petite et que son rôle dépende du bon vouloir du ministre. De plus, je trouve que les mesures adoptées sont floues. On savait en 2000 que les 4 critères étaient temporaires et ces 4 critères étaient assez clairs. Cette fois-ci, par exemple, pour la régularisation par le travail, on ne sait pas vraiment ce que cela va permettre dans les faits.

L’absence de commission indépendante est donc pour vous
un élément essentiel?

Oui, car c’est l’Office des étrangers qui va traiter toutes les demandes. Non pas que l’Office des étrangers puisse prendre des milliers de décisions négatives, car cela poserait un problème politique de taille. Non, le principal problème est le temps énorme que va prendre le traitement des dossiers. Quand on pense qu’en 2000, il a fallu plus de deux ans pour que la plus grande partie des demandes de régularisation soit traitée alors qu’il y avait pas mal de chambres dans la Commission de régularisation. Ici, j’ai très peur que cela soit plus long et moins clair qu’en 2000, sauf si l’Office des étrangers embauche davantage. Je pense que le mouvement social pour la régularisation doit reprendre dès le 15 décembre pour demander un traitement rapide des demandes avec une interprétation large des critères. C’est ce que nous avions fait en 2000, mais notre avantage était d’être présents dans la Commission de régularisation, en compagnie des avocats, ce qui aidait beaucoup. Enfin, vu la longue attente que vont subir les demandeurs, je suis tout à fait favorable à ce qu’ils reçoivent une aide sociale, pour éviter de laisser pourrir la situation.

De manière générale, comment comparez-vous le mouvement de 1999 avec celui de 2009?

La qualité du mouvement, évidemment, est la même. La différence réside plutôt dans la perception de la problématique des sans-papiers. Nous avions commencé le mouvement en 96, c’était un problème politique et social nouveau que nous avons contribué à faire émerger. Aujourd’hui, le problème est connu et récurrent, la situation s’est banalisée aux yeux du public et des politiques. Tout le monde connait le problème et personne n’en fait grand cas. C’est clairement un élément qui complique la donne.

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