2010-2013: le nombre de demandeurs d’asile continue à augmenter dans l’Union européenne, passant de 207.440 à 377.590. En même temps, il diminue en Belgique: 21.815 en 2010, 12.080 en 2013.
Alors qu’en 2010, la Belgique recevait 10,5% de toutes les demandes européennes, ce chiffre s’effondre à 3,2% en 2013. Ces chiffres suggèrent que la Belgique accueillait beaucoup trop de demandeurs d’asile: elle ne compte que 2% des habitants de l’UE et, avec 3,2%, elle prendrait encore bien plus que sa part.
Pas si vite. L’Europe n’est pas homogène face aux différentes formes de migration. La Suède, moins peuplée que la Belgique, reçoit 4,5 fois plus de demandeurs d’asile. L’Espagne en reçoit trois fois moins, mais a régularisé quelque 700.000 sans-papiers en 2005. On ne peut comparer la Belgique qu’aux pays voisins qui partagent les mêmes conditions économiques et géographiques: Allemagne, France, Pays-Bas. Ces trois pays pèsent 32,5% de la population européenne. En 2010, ils recevaient ensemble 49,5% de toutes les demandes d’asile. En 2013, leur contribution reste stable (49%). En diminuant radicalement sa propre statistique, la Belgique rentre dans le rang de ce peloton de pays relativement riches qui absorbent ensemble plus de 50% des demandes d’asile en Europe.
S’il y avait une anomalie belge par rapport aux pays voisins, elle est désormais résorbée. Est-ce à dire qu’une forme d’équité européenne est atteinte? C’est douteux. Aujourd’hui, l’asile n’est pas la principale forme d’accueil des personnes que les multiples déséquilibres mondiaux poussent à l’exil. Leur flux déborde largement une procédure d’asile de plus en plus inadaptée. C’est à Lampedusa (Italie) ou en franchissant la frontière gréco-turque qu’ils cherchent désormais leur sécurité. Face à cette réalité, la riche Europe du nord, Belgique comprise, prend beaucoup moins que sa part.