Le centre fermé 127

Le centre 127 est situé en bordure des pistes, sur le territoire de l’aéroport de Bruxelles-National à Melsbroek. Il est composé de plusieurs containers. C’est le premier centre fermé en activité depuis 1988. Il dispose de 60 places.

Régine Thiébaut a commencé ses visites au 127, situé sur les pistes de l’aéroport à Melsbroek, dès sa création en 1988, dans le cadre de l’association “Aide aux personnes déplacées”. À partir de 2003, son implication s’est renforcée et elle s’y rend depuis lors une fois par semaine. “Ce n’est que comme ça que ce travail est intéressant, pour les personnes enfermées et pour moi. Elles me connaissent, le personnel aussi et je peux être plus utile. Si j’y vais moins souvent, je traîne la patte et je suis moins efficace…”.  

Régine semble être moins taraudée par un sentiment d’impuissance que ses collègues qui visitent d’autres centres. Les personnes détenues au 127 ont introduit une demande d’asile à la frontière, elles en sont au début de la procédure. Et là, Régine se sent réellement utile. “Je leur donne une information complète et des conseils pour leur procédure. En plus, les assistants sociaux du 127 font un travail plus intéressant que dans d’autres centres, leur rôle n’est pas d’abord de faire accepter aux détenus leur expulsion.

Le plus vieux, le plus vétuste mais paradoxalement peut-être le plus “humain”… 

Je connais mieux les procédures qu’eux, mais ils ont par contre l’avantage de mieux connaître le dossier de chaque personne. On fonctionne ensemble et on fait un travail complémentaire, enfin avec la plupart d’entre eux…”. Elle reconnaît aussi qu’il lui arrive de devoir expliquer aux personnes que leur procédure ne pourra pas aboutir et qu’elle termine souvent ses entretiens en s’excusant d’avoir “fermé les portes de leurs rêves”… Elle qualifie les infrastructures du 127 de “désastreuses”: les modules préfabriqués installés à la hâte en 1988 sont délabrés, la promiscuité est difficile à vivre et le bruit des avions est insupportable.

Mais elle explique que paradoxalement, ces conditions pénibles semblent avoir pour effet de créer une ambiance moins inhumaine que dans d’autres centres. “Le personnel est plus convivial, on n’appelle pas les détenus par un numéro mais par leur prénom et tout le monde se connaît. La construction du nouveau centre et le prochain déménagement sont mal perçus par le personnel. Les locaux seront plus confortables, mais ils craignent de devoir se plier à un autre type de fonctionnement. Au moins, on en arrivera à l’essentiel du problème, qui ne se situe pas dans les conditions d’enfermement, mais dans l’enfermement lui-même!”.

C’est en effet l’absurdité de l’enfermement et le sentiment d’un terrible gâchis au niveau humain qu’elle ressent lors de ses visites au 127. Beaucoup d’admiration aussi, dit-elle, pour ces personnes qui font preuve d’une grande force intérieure face à un parcours souvent terrible qui n’aboutit qu’à une nouvelle souffrance, celle de l’enfermement.   La révolte enfin, face à des décisions injustes et injustifiées. “Pour le moment il y a beaucoup d’Irakiens au 127. Le directeur de l’Office des étrangers a décidé récemment que le Sud de l’Irak était sûr et qu’on pouvait y renvoyer les gens. Mais eux m’expliquent que le Sud est devenu le champ de bataille de tous les groupes armés des pays voisins. On prend des décisions qui sont complètement coupées de la réalité!”  

Propos recueillis par Laurence Vanpaeschen

 
 
 
 

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