Majed Bamya est Premier Secrétaire au ministère des Affaires étrangères de Palestine. En tant que principal contributeur des institutions nationales palestiniennes et premier partenaire économique d’Israël, l’Union européenne a un rôle à jouer.
Face au conflit israélo-palestinien, l’Union européenne (UE) est-elle à la hauteur?
L’UE a toujours été le premier contributeur des institutions nationales palestiniennes. Elle était en même temps le premier partenaire économique d’Israël et disposait là d’un levier efficace pour amener cet État à renoncer à l’occupation et à la colonisation. Mais elle n’a jamais utilisé ce levier. En 2008, au contraire, au moment même où sa politique coloniale gagnait en brutalité, l’UE décida de “rehausser” ses relations avec Israël. Ce qu’elle donnait d’une main, elle le reprenait de l’autre.
Depuis 2012, sous la pression de sa société civile et du Parlement européen, l’UE exclut désormais de son partenariat avec Israël tout ce qui aurait un lien avec l’occupation et la colonisation
Rien n’a changé depuis les opérations meurtrières contre Gaza?
Si. Depuis 2012, sous la pression de sa société civile et du Parlement européen, l’UE exclut désormais de son partenariat avec Israël tout ce qui aurait un lien avec l’occupation et la colonisation. C’est trop peu. Pour aller au bout de cette logique, elle devrait interdire l’importation de produits des colonies sur son marché, sanctionner ses propres ressortissants qui se rendent complices d’actes illégaux dans les colonies, fermer ses frontières aux colons qui, en tant qu’occupants, sont coupables de crime de guerre.
Ce serait suffisant?
Non. Il faut mettre plus clairement Israël devant ses responsabilités. Toutes les relations entretenues par l’UE avec Israël devraient être indexées sur son respect du droit international. Tant que durent les graves violations de ce droit, l’UE doit suspendre l’accord d’association qui le lie à Israël, lequel doit payer le prix de ses actes.