Les Roms sans les clichés

Le point de départ des préjugés, c’est voir dans les “Roms” une minorité ethnique homogène, marquée depuis toujours par l’étrangeté, la marginalité, la pauvreté et l’errance.

Homogène? Tous les chercheurs soulignent l’extrême hétérogénéité des populations appelées “Roms”.[1] Les populations concernées elles-mêmes ne se reconnaissent pas dans cet amalgame.

Étrangère? Ces populations sont installées en Europe depuis le XIVème siècle. Aujourd’hui, la grande majorité des migrants dits “roms” provient de pays membres de l’Union européenne ou candidats à l’adhésion : Roumanie, Hongrie, Slovaquie, Bulgarie, Serbie, Kosovo…

Marginalisée? Cela dépend. Bien accueillis pour leurs compétences artisanales dans l’empire byzantin du XIIème au XVIème siècle mais esclaves en Roumanie au XVème, réprimés au XVIIIème dans l’empire austro-hongrois, poussés à la migration au XIXème siècle par les crises économiques et la constitution des États-nations, exterminés par les nazis… Aujourd’hui, crise économique, disparition de métiers artisanaux et ouverture des frontières favorisent une nouvelle marginalisation.

Pauvre? Il y a la mendiante, dont l’archétype “mère avec enfant” soulève notre indignation. Mais tous les Roms ne mendient pas, tous les mendiants ne sont pas roms. La plupart ont du travail (légal ou non), leurs enfants vont à l’école. Mais le poids des préjugés fait que ceux qui s’en sortent par le travail n’ont pas intérêt à se dire Roms. Une infime partie relève du quart monde qui ne compte pas que des Roms. Ethniciser la pauvreté c’est ne pas voir le vrai problème, un modèle social et économique européen exsangue.

Nomade? Seule une infime minorité de ceux qu’on appelle Roms sont nomades. Les autres sont sédentaires, parfois contraints de vivre en mobilhome faute d’autre logement.

Ainsi, la dénomination unique répercute sur toutes les communautés une triple hostilité: crainte de l’habitant installé contre le vagabond qui inquiète ; répulsion du nanti contre le très pauvre qui dégoûte; exaspération de l’européen de l’Ouest contre le nouveau venu de l’Est, qui dérange.

[1] Le Conseil de l’Europe désigne par Roms “les Sintés (Manouches), les Kalés (Gitans), les Voyageurs et les branches orientales (Doms, Loms) ; il englobe la diversité des groupes concernés, y compris les “Tsiganes” et les “Gens du Voyage”. Glossaire terminologique raisonné sur les questions roms, édition mise à jour, 18 mai 2012

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