© Gerard Stolk

Le paradoxe de l’intérim

À l’heure de la dérégulation du marché du travail, les agences d’intérim jouent un rôle de plus en plus actif dans notre société, que ce soit pour aider les entreprises à embaucher des travailleurs flexibles pour des petites missions ou pour permettre à des demandeurs d’emploi de travailler, même temporairement.

 Le rôle actif des agences d’intérim bénéficie également aux travailleurs migrants. “Il y a plusieurs cas de figure“, explique Sébastien Delfosse, responsable Relations publiques de Federgon, la fédération qui regroupe les cabinets de recrutement et les sociétés d’intérim. On a d’abord celui des ressortissants d’un pays tiers, présents sur le territoire belge et à la recherche d’un emploi. “À l’image de nombreux Belges, beaucoup d’entre eux s’adressent à une agence d’intérim pour chercher un emploi“. Les agences d’intérim sont en effet présentes en très grand nombre dans les grandes villes et il est facile de pousser la porte de l’une d’entre elles pour aller s’y inscrire. “Les chiffres les plus récents que nous avons datent de 2009, poursuit Sébastien Delfosse. Cette année-là, 82% des travailleurs intérimaires étaient de nationalité belge. 9,5% provenaient de l’Union européenne et 8,5% de pays tiers“. Le marché du travail se globalise. En faisant la jonction entre des migrants désireux de travailler à l’étranger et des entreprises à la recherche désespérée de collaborateurs qualifiés, les sociétés d’intérim ont une carte à jouer. Des chiffres relativement stables qui ont surtout évolué avec l’élargissement et le passage de nombreux travailleurs de la catégorie “pays tiers” à celle de “pays de l’Union européenne”. Les statistiques manquent quant aux fonctions occupées le plus souvent par les travailleurs migrants inscrits dans des agences d’intérim. Mais d’après Federgon, on oriente plus facilement le travailleur étranger vers des fonctions exécutantes, à moindre niveau de qualification. En cause, parfois, un manque de connaissance de la langue, mais surtout un problème d’équivalence de diplôme qui revient de manière chronique, “et qui empêche nombre d’entre eux d’exercer un emploi en rapport avec les compétences acquises dans leur pays d’origine. Soit le diplôme n’est pas reconnu par les autorités, soit il ne l’est pas par l’entreprise cliente. C’est un vrai problème que l’on rencontre régulièrement sur le terrain“, explique encore Sébastien Delfosse.

Recruter directement à l’étranger

Pourtant, et de plus en plus, de nombreux travailleurs qualifiés dans des domaines bien particuliers sont recrutés directement dans leur pays. “C’est l’autre cas de figure, poursuit Sébastien Delfosse. Devant la difficulté rencontrée par certaines entreprises de recruter de la main d’œuvre sur le marché belge, on va la chercher directement à l’étranger“.

Ici encore, les agences d’intérim jouent un rôle particulièrement important, bien qu’il ne s’agisse pas cette fois de fournir à une entreprise belge un travailleur flexible pour une mission de courte durée, mais bien d’aider l’entreprise à recruter ce travailleur. “Le recrutement et le matching, soit le fait de trouver la bonne personne pour un emploi précis, c’est aussi notre métier“, indique-t-on chez Federgon. Et certaines sociétés d’intérim, comme Randstad, l’ont d’ailleurs bien compris en ouvrant des bureaux à l’étranger pour recruter des travailleurs dans des métiers en pénurie, notamment des infirmières.

D’après Sébastien Delfosse, il ne s’agit pas encore d’une tendance lourde. Mais les agences d’intérim sont appelées à jouer un rôle croissant dans le recrutement de travailleurs à l’étranger dans les années à venir. “On constate en effet qu’il y a de plus en plus d’inadéquation entre les profils des demandeurs d’emploi et les profils recherchés par les entreprises“. Le recours à la main-d’œuvre étrangère va donc être de plus en plus fréquent, pas seulement pour le secteur médical, mais aussi pour certaines fonctions d’ouvriers qualifiés.

Le marché du travail se globalise. En faisant la jonction entre des migrants désireux de travailler à l’étranger et des entreprises à la recherche désespérée de collaborateurs qualifiés, les sociétés d’intérim ont une carte à jouer. 

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