La Belgique a relocalisé 623 demandeurs d’asile depuis la Grèce et l’Italie en près de deux ans

À la date du 12 mai 2017, la Belgique a relocalisé 623 demandeurs d’asile arrivés en Europe via la Grèce et l’Italie, soit 502 depuis la Grèce et 121 depuis l’Italie. Elle doit donc augmenter ses engagements mensuels pour accueillir les migrants ayant besoin d’une protection internationale. C’est ce qui ressort du 13e rapport de la Commission Européenne sur l’avancement des relocalisations en Europe.

En effet, la Belgique doit relocaliser 3.812 demandeurs d’asile en transit en Italie et en Grèce d’ici septembre 2017. Il lui reste peu de temps pour relocaliser 3.189 personnes et atteindre l’objectif initial fixé en juillet 2015. En près de deux ans, la Belgique n’a atteint que 16% de son objectif. Soit une cote de “2/10″, un mauvais bulletin pour le secrétaire d’État Secrétaire d’État à l’Asile et la Migration, Théo Francken.

Le 13 juin 2017, lors de la présentation du rapport, la Commission a rappelé leurs obligations aux États membres. En effet, en juillet 2015, ces États membres se sont mis d’accord pour se répartir l’accueil de 160.000 demandeurs d’asile depuis les pays “en première ligne” aux portes de l’Europe, l’Italie et la Grèce, en deux ans. A trois mois de l’échéance, les résultats sont loin d’être atteints: à la date du 9 juin 2017, 20 869 personnes ont été relocalisées, 6.896 depuis l’Italie et 13.973 depuis la Grèce. 12,5% des engagements sont atteints.

Notre Union repose sur la solidarité et le partage des responsabilités. Ces valeurs fondamentales s’appliquent à l’ensemble de nos politiques et la question migratoire ne fait pas exception. Nous ne pouvons pas laisser et nous ne laisserons pas les États membres ayant une frontière extérieure seuls face à la question migratoire. Quant à la relocalisation, je tiens à être parfaitement clair: la mise en œuvre des décisions du Conseil en la matière n’est pas facultative; c’est une obligation juridique.

Le 13 juin, Dimitris Avramopoulos, le commissaire chargé de la migration, a déclaré: “Notre Union repose sur la solidarité et le partage des responsabilités. Ces valeurs fondamentales s’appliquent à l’ensemble de nos politiques et la question migratoire ne fait pas exception. Nous ne pouvons pas laisser et nous ne laisserons pas les États membres ayant une frontière extérieure seuls face à la question migratoire. Quant à la relocalisation, je tiens à être parfaitement clair: la mise en œuvre des décisions du Conseil en la matière n’est pas facultative; c’est une obligation juridique.

Dans sa ligne de mire: la Hongrie, la Pologne et la République tchèque qui n’ont procédé à aucune relocalisation. Dans ce contexte, et ainsi qu’elle l’avait indiqué dans le précédent rapport sur la relocalisation et la réinstallation, la Commission a décidé d’engager des procédures d’infraction contre ces trois États membres.

La relocalisation des demandeurs d’asile en Europe, quelques exemples:
 
  1. Finlande: 1.640 (653 d’Italie + 987 de Grèce)
  2. Pays-Bas: 1.907 (612 d’Italie + 1295 de Grèce)
  3. Portugal: 1.374 (299 d’Italie + 1075 de Grèce)
  4. Belgique: 623 (121 d’Italie + 502 de Grèce)
  5. Autriche Hongrie, République tchèque: 0

La relocalisation, c’est quoi?

Le plan européen de relocalisation de la Commission européenne prévoit un partage de l’accueil des demandeurs d’asile entre les différents pays de l’Union européenne. C’est un mécanisme de solidarité entre les États membres dont l’objectif est de mieux répartir l’accueil des demandeurs d’asile arrivant en Europe via l’Italie et la Grèce, ces deux pays devant assumer la plus grande part de l’accueil, de par leur position géographique. Ce mécanisme de répartition se fonde sur plusieurs critères comme la population, le PIB, le taux de chômage…

Il y a exactement deux ans, l’Union Européenne mettait en œuvre le “plan de relocalisation” des demandeurs de protection internationale venant de Grèce et d’Italie. Un système de solidarité entre les États membres, auquel la Belgique a participé. Chichement. Froidement. En poursuivant les renvois de demandeurs d’asile vers ces deux pays dont elle se disait solidaire…

Le plan fixait que les États membres devaient, dans un délai qui se termine aujourd’hui, prendre à leur charge 160.000 demandeurs de protection se trouvant en Italie et en Grèce. Cet engagement a été réduit en 2016, la Commission européenne ayant fixé de nouveaux objectifs minimum, bien inférieurs à ceux initialement prévus (98.000). Selon le premier plan de relocalisations, 3.812 personnes auraient dû être prises en charge par la Belgique, ce nombre passant à 1.530 dans sa deuxième version. Il faut savoir en outre que le mécanisme de relocalisation ne prend en compte que les ressortissants de pays pour lesquels la protection est accordée dans l’UE à 75% au moins. C’est-à-dire, en fait, principalement les Syriens et les Érythréens. “Qu’en est-il, entre autres, des Soudanais, des Afghans, des Irakiens, des Somaliens qui, on le sait, fuient des situations particulièrement dramatiques?“, dénoncent les associations.

En septembre 2017, le gouvernement belge avait accueilli près de 1.000 personnes. “C’est bien. Mais il s’était engagé à en relocaliser bien plus, et il aurait pu le faire“, estiment les ONG qui estiment que l’approche minimaliste de la Belgique en la matière sont en décalage total avec les besoins réels des demandeurs de protection. “Début septembre, la Commission européenne signalait qu’il restait encore des demandeurs de protection en Italie et en Grèce pouvant être relocalisés, contrairement à ce que prétend le Secrétaire d’État à l’asile et à la migration“. La Commission rappelait aussi que l’Italie et la Grèce voient arriver chaque jour des personnes susceptibles de bénéficier de ce programme, et que les États membres pouvaient s’engager à dépasser leurs quotas minimum. Fin septembre, le Comité anti-torture (CPT) du Conseil de l’Europe publiait un rapport qui dénonce les conditions “sordides” dans lesquelles sont maintenus des milliers de migrants en Grèce: insalubrité, surpeuplement, violences, détention d’enfants…

En Belgique, les associations dénoncent elle aussi cette situation et l’attitude du gouvernement belge. “Les demandeurs d’asile sont l’objet d’un jeu cynique par lequel la Belgique se targue de respecter les “obligations européennes” de relocalisation, tout en renvoyant vers l’Italie et la Grèce des demandeurs d’asile pris dans le système Dublin, alors qu’elle a la faculté de ne pas l’appliquer systématiquement?

Relocalisation: la Belgique se fait taper sur les doigts par la Commission Européenne

La Belgique doit augmenter ses engagements mensuels d’accueillir des migrants ayant besoin d’une protection internationale, affirmait la Commission européenne en mai 2017 lors de la présentation de son douzième rapport sur l’avancement des relocalisations et réinstallations des personnes arrivant en Europe. La Pologne et la Hongrie, qui n’ont toujours pas accueilli une seule personne, s’exposent à des sanctions. Il y a deux ans, les États membres de l’UE se sont engagés à accueillir, d’ici septembre 2017, 98.255 migrants arrivés en Italie et en Grèce. Selon les chiffres publiés par la Commission, près de 20.000 personnes ont déjà été relocalisées en juin 2017. La Belgique doit en accueillir 3.812 mais est encore loin du compte.

Toutefois, malgré la poursuite des avancées positives, le rythme actuel des relocalisations demeure insuffisant pour atteindre les objectifs fixés en vue de la relocalisation de toutes les personnes admissibles au cours des prochains mois“, souligne la Commission.

Toutefois, malgré la poursuite des avancées positives, le rythme actuel des relocalisations demeure insuffisant pour atteindre les objectifs fixés en vue de la relocalisation de toutes les personnes admissibles au cours des prochains mois“, souligne la Commission. La Belgique se voit rappeler, comme quelques autres États membres, l’obligation d’augmenter ses engagements mensuels.

La Hongrie, la Pologne et l’Autriche sont les seuls États membres à n’avoir encore accueilli personne, mais l’Autriche s’est entre-temps engagée à relocaliser 50 personnes venant d’Italie. “Cela fait de la Hongrie et de la Pologne les plus mauvais élèves de la classe. Si elles ne prennent pas d’engagements d’ici au prochain rapport d’avancement, la Commission n’hésitera pas à ouvrir des procédures d’infraction“, indiquait à l’époque le commissaire européen aux Affaires intérieures Dimitris Avramopoulos.

 

Lien vers le communiqué de la Commission européenne du 13 juin 2017: http://europa.eu/rapid/press-release_IP-17-1587_fr.htm
Lien vers le 13e rapport: https://ec.europa.eu/home-affairs/sites/homeaffairs/files/what-we-do/policies/european-agenda-migration/20170613_thirteenth_report_on_relocation_and_resettlement_en.pdf
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