Le centre fermé 127 BIS

 
Le centre 127 bis est aussi situé en bordure de l’aéroport de Bruxelles National, mais sur la commune de Steenokkerzeel. Il a été construit en 1993 et mis en fonction en 1994. Il dispose de 120 places. Environ 2.000 personnes sont détenues chaque année dans les deux centres 127 et 127 bis.

Myriam Vastmans est assistante sociale. Elle a commencé à visiter les détenus des centres fermés en 1989, quand n’existait encore que le 127 à Melsbroek. Elle a poursuivi au 127 bis avec quelques moments d’interruption, a travaillé pour plusieurs organismes et s’y rend aujourd’hui dans le cadre de ses fonctions au Service d’Action Sociale Bruxellois. De sa longue expérience, Myriam relève, un brin désabusée, que rien n’a changé… sauf le fait, important, qu’il n’y a plus d’enfants au 127 bis depuis plusieurs mois. “Les choses sont devenues encore plus difficiles au niveau administratif, raconte-t-elle. Les procédures sont de plus en plus complexes et il est difficile de donner une information complète aux détenus“. Complexité encore accentuée par le manque de collaboration de beaucoup de travailleurs sociaux du centre qui se conforment aux règles et à la vision de leur employeur: l’Office des étrangers. Leur rôle n’est pas d’aider les détenus mais de préparer leur expulsion. “On n’est pas sur la même longueur d’ondes, je me sens tolérée, sans plus… Ils suivent les consignes. Ils ne nous donnent pas la possibilité de faire pour les détenus ce qui ne leur est en principe pas permis à eux, par exemple en nous donnant toutes les informations sur leur dossier. Ça se passe mieux en prison à ce niveau!“. 

Rien n’a changé au 127 bis… sauf le fait, important, qu’il n’y a plus d’enfants depuis plusieurs mois… 

Un élément positif est que les visiteurs ONG peuvent se déplacer librement dans les bâtiments du 127 bis et rencontrer toutes les personnes qu’ils souhaitent, ce qui est loin d’être le cas dans tous les autres centres. Myriam s’y rend chaque semaine, ce qui lui permet d’établir des liens suivis avec les détenus, dont certains restent parfois enfermés pendant plusieurs mois. “Il y a pour le moment un Camerounais qui est détenu depuis neuf mois et qui va très mal. À chaque tentative d’expulsion, on lui “ remet le compteur” de sa détention à zéro. Il y a aussi plusieurs dames qui sont détenues depuis six mois”. 
 
Les principaux sujets de plainte des détenus concernent l’injustice de l’enfermement. “Ils ne comprennent pas pourquoi ils sont traités en criminels et enfermés dans ce qui est en réalité une prison. Ils ne comprennent rien aux procédures, ils sont complètement perdus“. Beaucoup lui disent aussi leur sentiment d’être abandonnés de tous: des avocats (souvent peu motivés et mal armés en droit des étrangers, précise Myriam), du médecin et des assistants sociaux du centre en qui ils n’ont aucune confiance. “J’avoue que j’y vais avec des pieds de plomb. Je ne peux rien faire pour sortir les gens de là, et c’est difficile à vivre. Mais je sens que c’est important pour eux de pouvoir compter sur quelqu’un qui les écoute et qui tente de les soulager. Quand j’arrive au centre, tous les détenus veulent me parler, ce qui n’est évidemment pas possible. C’est très frustrant…
 

Propos recueillis par Laurence Vanpaeschen

 

 
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