La radio communautaire Arabel se définit avant tout comme bruxelloise. Trois journalistes assurent chaque jour l’information en français. Une pigiste assure l’info en arabe. Avec quelles particularités?
12h30 : Le JP en français débute. Maryam Benayad et Tarik Laabi sont au micro. Diction travaillée, interventions parfaitement calibrées. Arabel, héritière en 2013 de l’ancienne radio Al Manar, a professionnalisé le 106.8. Si la radio compte aujourd’hui douze employés, les journalistes ne sont pourtant qu’au nombre de trois. Ce personnel est financé par l’homme d’affaires tunisien Ben Yaghlane qui a réinjecté cette année 2 millions d’euros dans le capital d’Arabel, après avoir essuyé des pertes en deux ans de 1,4 million. Faute d’études d’audimat, l’audience est inconnue. Facebook indique plus de 70 000 followers. Sur les ondes du jour : défaites d’Anderlecht, situation dramatique à Alep, position de la Russie, les titres défilent et ne se démarquent pas des dinosaures dominants du secteur (RTBF et RTL). “On essaie de faire de Bruxelles la priorité, assure pourtant Maryam Benayad. Puis le national, l’Europe, et l’international avec un focus sur le Maghreb.“
12h45 : Patrick Charlier arrive. Dans les impeccables locaux à dominante orange (la couleur d’Arabel), le directeur d’UNIA (Centre fédéral pour l’égalité des chances) est venu parler de la discrimination à l’embauche des plus de 45 ans. Dans l’équipe d’Arabel (en majorité composée de femmes), la diversité fait partie de la ligne éditoriale. À la fois dans les sujets traités et la manière de les traiter, explique Maryam Benayad : “Sur une info classique, on ira chercher l’expert de minorité, à compétence égale. Mais ce n’est pas systématique. On ne fait pas de discrimination positive, ce serait contre-productif. Quand quelqu’un n’est pas radiophonique, peu pédagogue, cela devient compliqué.“
13h : Après Justin Timberlake (même la diversité a ses limites…) et les jingles de circonstance, une voix retentit dans le studio. Place au JP en langue arabe. Arabel émet 70 % de ses programmes en français, 30 % en arabe. La journaliste, une Arlonnaise, envoie son bulletin d’information 15 minutes avant la diffusion. Ce sont donc les Ardennes qui informent le Bruxelles arabophone.
13h05 : Gabriel Maissin, économiste, a une quinzaine de minutes pour évoquer le thème de l’”utopie”. “Quand un invité vient pour une interview, on donne l’espace nécessaire pour sa parole” insiste Tarik Laabi. La réflexion sur l’utopie est tirée du dernier numéro de la revue Politique. Outre ce titre de presse, Arabel a tissé des collaborations avec la maison d’éditions Couleur Livres et l’ONG Pax Christi. Chrétiens et musulmans dans le même studio? “Pas musulman, insiste Maryam, Bruxellois !“