Gratia Pungu est née en Belgique dans les années 60, peu après la vague des indépendances africaines, dont celle du Congo. Selon sa lecture, la société de l’époque accueille, en général, les enfants “métis” de manière hostile. Ils sont “objets de honte”, quand, de surcroît, le métissage implique une transgression à la hiérarchie de prétendues races et de genre.
Enfant, Gratia Pungu, est ainsi placée en orphelinat, bien que ses deux parents soient vivants, comme c’était le cas pour beaucoup d’enfants métis dans les colonies. Adulte, elle se heurte, dans sa vie professionnelle, à des propos ou des comportements, à caractère non seulement raciste, mais aussi sexiste. Elle partage ainsi le lot commun des femmes actives, au-delà de leurs origines.
Nous sommes dans les années 80, période durant laquelle elle s’intéresse de plus près aux mouvements de lutte contre l’apartheid et féministe. Le premier mouvement aborde le problème du racisme mais, à l’époque, s’intéresse surtout à la figure de l’étranger et analyse peu le racisme dans ses ressorts propres à la société belge, notamment au travers de l’héritage colonial. Le second mouvement offre un cadre théorique performant pour l’analyse des mécanismes discriminatoires. Mais à l’heure actuelle, Gratia relève l’incapacité du mouvement féministe traditionnel à être porteur d’un projet d’émancipation pour toutes les femmes, quelles que soient leurs origines, culturelle et sociale, et en déplore l’exploitation par des mouvements ouvertement racistes.
Les métis sont “objets de honte”, quand, de surcroît, le métissage implique une transgression à la hiérarchie de prétendues races et de genre.
Militante active sur le terrain syndical depuis de nombreuses années, elle exprime ses convictions avec vigueur. “Je suis, aujourd’hui plus que jamais, persuadée de l’importance des luttes sociales, de leurs connexités, et de la nécessité d’y inclure les combats féministes et antiracistes.”