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Cinéma: L’éclat furtif de l’ombre

Premier film des réalisateurs belges Patrick Deschesne et Alain-Pascal Housiaux, “L’éclat furtif de l’ombre” dresse le portrait intime et silencieux d’un homme aux oreilles meurtries, Adisu, depuis son Ethiopie natale jusqu’aux bords de la Meuse. A voir dès le 10 décembre 2014 à Flagey.

Dans un village côtier d’Éthiopie, Adisu, un jeune pêcheur, est accablé par la violence de la guerre ambiante. Contraint de quitter son foyer pour survivre, il s’enfonce dans le désert. Dans une ville de Belgique, un taximan africain âgé et taciturne intériorise sa condition de migrant. Deux mondes, deux personnes mais un seul destin…

Du 10 décembre 2014 au 10 janvier 2015 à Flagey (Bruxelles)

Le film sera également projeté aux Grignoux (Liège) à partir du 28 janvier 2015 et au Plaza Art (Mons) du 3 au 10 février 2015.

Rencontre avec les réalisateurs

Patrick Deschesne et Alain-Pascal Housiaux ne sont pas des inconnus au CIRE : en 1996, ils ont participé à la conception des décors de l’exposition interactive “Sans invitation à un voyage pas comme les autres” qui invitait les visiteurs à se mettre dans la peau d’un réfugié et à vivre son parcours.

Le thème de l’exil semble leur être resté cher, puisqu’ils y consacrent aujourd’hui un film…

Images de marche

“Nous sommes allés en Éthiopie pour les besoins de notre métier de directeurs artistiques et nous avons eu un coup de cœur pour les gens, la lumière, la culture… C’est ainsi que, petit à petit, un projet de film est né. Les premières images, nous les avons filmées en plaçant la caméra au ras du sol, à hauteur des pieds. Les gens en Éthiopie ont en eux le sens de la marche et ces images évoquaient la pérégrination, le déplacement, l’exil. Un thème que nous avons choisi d’aborder non pas par la masse, mais via le parcours d’une personne, Adisu”.

Joseph, lui-même exilé

“Quand nous nous sommes mis à la recherche d’un acteur plus âgé pour jouer Adisu en Belgique, nous avons rencontré Joseph, un taximan bruxellois d’origine haïtienne. Son histoire personnelle rejoignait notre fiction. Lui-même a quitté son pays étant jeune et il a souhaité profiter des moments de tournage pour y retourner en pensée et écrire mentalement une lettre à sa sœur, avec laquelle il s’était disputé avant son départ. Chaque soir, dans le gîte où nous logions, il nous parlait de ce à quoi il avait pensé pendant les scènes de la journée”.

Objet de revendication douce

“Nous avons voulu tenter une approche différente de la question très actuelle de l’exil et ainsi faire en sorte que notre film puisse être utile. Nous le voyons comme un objet de revendication douce, muette : le silence est une porte ouverte, un miroir pour que chacun puisse injecter un peu de son histoire dans le film et mettre ses propres mots sur les pensées d’Adisu. Le fait que l’on suive Adisu à trois âges différents permet d’ouvrir l’éventail des possibilités pour le spectateur de s’identifier”.

Le soin apporté à l’image reflète quant à lui une “volonté de simplicité” et une forme de “respect pour l’exil et la dignité des personnes exilées”.

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