À Bruxelles, au moins 300 migrants campent à nouveau dans le quartier de la Gare du Nord et du Parc Maximilien. Pour le CIRÉ, Médecins du Monde, et Vluchtelingenwerk, il faut intervenir maintenant, sous peine de créer à Bruxelles une situation similaire à celle de Calais. Les trois associations proposent la création, dans la capitale, d’un Centre d’Accueil et d’Orientation (CAO). La proposition a été officiellement soumise aux autorités compétentes en fin de semaine dernière.
Calais, Vintimille, Munich ou Lesbos : depuis plusieurs années, les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile sont coincés aux frontières européennes. Une situation qui perdure face à l’incapacité des décideurs politiques à prendre en compte la réalité migratoire et à lui trouver des réponses sûres et organisées.
La Belgique n’échappe pas à cette réalité : à Bruxelles, depuis de nombreux mois, des centaines de migrants dorment chaque jour aux alentours de la Gare du Nord et du Parc Maximilien. Une situation compliquée pour tous : les migrants – qui trouvent difficilement de quoi manger, boire, se soigner – et les riverains – qui voient leur voisinage une fois de plus occupé par des personnes dans le besoin.
Pour sortir de cette situation, le CIRÉ, Médecins du Monde, et Vluchelingenwerk proposent dès maintenant la création d’un Centre d’Accueil et d’Orientation (CAO). « Il est temps de trouver de vraies solutions, réalistes et réalisables, » explique Pierre Verbeeren, directeur de Médecins du Monde. « Trop longtemps les différents acteurs – partis politiques, société civile et autorités – se sont retranchés derrière des principes, sans réel dialogue. Agissons ensemble pour le bien de tous ! »
L’ouverture d’un tel centre profiterait à tout le monde. « Pour l’État, cela veut dire savoir qui sont ces personnes et ce qu’elles veulent », détaille Pierre Verbeeren. « Pour les migrants, cela signifie avoir un toit, de la nourriture et des soins de santé, mais des informations fiables sur leurs droits pour leur permettre d’évaluer clairement leur situation migratoire. » Les forces de l’ordre aussi en sortiraient gagnantes. « Actuellement, les policiers et les migrants jouent au chat et à la souris. C’est une perte de temps et de moyens. Un Centre de ce genre permettrait de libérer des forces de police pour se concentrer sur la sécurité publique, leur mission première. »
C’est l’expérience française qui a inspiré cette proposition. En France, l’État, les préfectures et les villes ont créé de telles structures pour accueillir les personnes dont la situation administrative était incertaine. « Inspirons-nous, mais apprenons également », tempère Caroline Intrand, directrice du CIRÉ. « La France a attendu que la situation à Calais et Grande-Synthe devienne ingérable pour agir – agissons dès maintenant pour que Bruxelles ne devienne pas un nouveau Calais ! »
Le CIRÉ, Médecins du Monde et Vluchtelingenwerk appellent les autorités compétentes à ouvrir dès à présent ce Centre d’Accueil et d’Orientation. Les trois organisations se tiennent à disposition pour apporter leur assistance. Elles rappellent également l’expérience du WTC, en 2015, où la Croix-Rouge avait alors géré un centre de pré-accueil, avec un important travail d’information et d’orientation.