Journée noire pour les migrants et pour la politique migratoire belge – Communiqué de presse du 3 avril 2015

Le jeudi 2 avril 2015 restera gravé comme une journée noire. Deux personnes auxquelles la Belgique avait refusé le droit de séjour se sont donné la mort. Se faisant porte-paroles de tant d’autres, elles s’adressent à notre humanité et rappellent – s’il fallait encore le démontrer – le coût humain de nos politiques migratoires.

Hier, deux hommes auxquels la Belgique avait refusé le droit de séjour ont choisi de se donner la mort. L’un en s’immolant par le feu, l’autre en se pendant. Ces actes de désespoir mais aussi de protestation ont été posés en deux lieux hautement symboliques. Le premier à l’Office des étrangers, administration exécutante d’une politique d’immigration toujours plus restrictive. Le second dans un centre fermé, lieu de privation de liberté et d’atteintes quotidiennes aux droits fondamentaux des étrangers.

Le cri de détresse de ces deux hommes, l’un provenant d’un pays connu pour son insécurité, la Guinée, et l’autre étant en Belgique depuis 16 ans, fait écho à la détresse de dizaines de milliers de personnes migrantes sans droit de séjour dans notre pays. Des personnes qui ont fui des réalités dures en quête d’une vie meilleure, et qui se retrouvent condamnées soit à une précarité extrême ici, soit à un insupportable retour là-bas.

Au Secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Theo Francken, qui prétend que ces actes ne sont pas liés, le CIRÉ répond, indigné, qu’ils le sont plus que jamais. Ce qui les lie, ce sont les conditions de non-droit dans lesquelles se trouvaient ces personnes et les politiques aveugles qui en sont à l’origine. Il est grand temps que nos responsables assument le lien entre leurs choix politiques et la détresse qu’ils contribuent grandement à produire.

Ces actes de désespoir mais aussi de protestation ont été posés en deux lieux hautement symboliques. Le premier à l’Office des étrangers, administration exécutante d’une politique d’immigration toujours plus restrictive. Le second dans un centre fermé, lieu de privation de liberté et d’atteintes quotidiennes aux droits fondamentaux des étrangers.

Sur base des liens aussi évidents qu’inacceptables entre ces deux suicides et les politiques belges d’asile et d’immigration, le CIRÉ demande au gouvernement, une fois encore, de trouver le courage politique d’envisager les migrations sous un autre jour que le déni et la répression, et d’oser une approche plus juste, plus humaine, à commencer par :

  • Un véritable élargissement des voies d’accès au séjour légal en Belgique. Non seulement comme valeur et condition du respect des droits fondamentaux de toutes et tous, mais aussi comme nécessité, pour répondre aux réalités de la “mobilité” aujourd’hui, ainsi qu’aux besoins de notre société, tant sur les plans économique et démographique, que social et culturel.
  • L’inscription dans un texte de loi de critères de régularisation à la fois clairs et permanents, qui permettent de couvrir les situations humanitaires auxquelles la procédure d’asile et les voies de migration légale n’ont pas pu apporter de réponse.
  • L’abrogation des dispositions qui criminalisent le séjour irrégulier, ainsi que la fin de la détention administrative et la suppression des centres fermés; des mesures nécessaires pour en finir avec l’étranger bouc émissaire et rendre aux migrants un minimum de dignité.

En hommage aux deux défunts et en soutien à leurs proches, mais aussi pour redire leur indignation, les collectifs de sans-papiers organisent une marche le mardi 7 avril, à Bruxelles. Le CIRÉ y participera.

Contact presse

Formulaire de contact de Caroline Intrand | Co-directrice

Détails pour la marche silencieuse

Les collectifs de sans papiers et leur coordination organisent une marche silencieuse le mardi 7 avril, en hommage aux migrants défunts de jeudi pour redire leur indignation face à la politique d’asile et d’immigration belge.

Rassemblement à 11h au 53 avenue du Port (en face de Tour et Taxi) et départ à 12h.

Marche en silence jusqu’à l’OE, puis jusqu’au Cabinet Francken (rue arts-loi).

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