Communiqué de presse: de la construction politique d’une crise de l’accueil. Depuis hier, l’Office des étrangers a instauré une limite journalière d’accueil pour les demandeurs d’asile. Des personnes qui doivent bénéficier du droit à l’accueil sont envoyées à la rue. La Porte d’Ulysse, gérée par la Plateforme citoyenne a pu offrir l’abri nié par les autorités à certains de ces laissés pour compte, mais elle est confrontée à une limite de ses capacités d’accueil. Ce sont donc aujourd’hui une quarantaine de personnes qui trouvent porte close à l’Office des étrangers, et se tournent – une fois de plus – vers la solidarité citoyenne.
Contrairement à ce qui s’était produit en 2015, la situation actuelle ne résulte ni d’arrivées soudaines et nombreuses sur notre territoire, ni d’un manque d’anticipation du réseau d’accueil. Il s’agit de bien autre chose.
Fedasil et ses partenaires l’avaient annoncé il y a plusieurs mois. Au moment même où le Secrétaire d’État à l’asile et la migration décidait de fermer des milliers de places d’accueil collectives ou individuelles, les prévisions étaient claires: dès le mois de novembre, le réseau d’accueil serait dans l’impossibilité de recevoir les demandeurs.
Le Secrétaire d’Etat à l’asile et la migration a refusé les options qui lui étaient proposées. Il a tout au plus fini par accepter de rouvrir, trop tard, des centres dont le personnel avait été licencié. Aujourd’hui, il est demandé à la Croix rouge d’ouvrir d’urgence 750 nouvelles places, dont 250 sont toujours inoccupées. Il reste par ailleurs des places encore disponibles dans le réseau d’accueil. Mais elles ne sont pas utilisées.
La position des autorités est délibérée. Elle n’est guidée ni par les obligations de la Belgique, ni par les capacités du réseau d’accueil ou des instances d’asile, encore moins par les besoins des demandeurs d’asile. Elle est manifestement le résultat d’une volonté politique.
Cet entêtement crée depuis des mois les conditions d’une réelle crise de l’accueil des demandeurs d’asile. Pourquoi, si ce n’est pour servir d’épouvantail lors des discussions gouvernementales sur l’engagement de la Belgique dans le Pacte global sur les migrations?
Il est commode de montrer que la Belgique peine à répondre à ses obligations actuelles, en brandissant si nécessaire des images de personnes faisant la queue devant l’Office des étrangers, pour illustrer le danger de se montrer plus solidaire dans le cadre de discussions internationales.
Nous condamnons la construction de cette crise du réseau d’accueil et nous refusons l’instrumentalisation des demandeurs d’asile à des fins politiques nationales et internationales!