Carte blanche – Accueil des demandeurs d'asile: faire des économies, mais pas au détriment de la qualité

La Secrétaire d’État à l’asile et la migration, Maggie De Block, l’a annoncé haut et fort ce week-end: elle va rendre au gouvernement 90 millions d’euros issus de son budget 2013. Le CIRÉ s’inquiète : le gouvernement décidera-t-il de restrictions budgétaires sans tirer les leçons de la crise de l’accueil des demandeurs d’asile qui vient de sévir durant quatre longues années en Belgique ?

Le Soir, 28/06/2013 – La Secrétaire d’État à l’asile et la migration, Maggie De Block, l’a annoncé haut et fort ce week-end: elle va rendre au gouvernement 90 millions d’euros issus de son budget 2013. Un gouvernement qui, pour l’instant, est à la recherche de solutions d’économies pour le budget de l’année prochaine. De nombreux secteurs seront touchés, dont celui de l’asile, de l’aide juridique et de l’interprétariat social, entre autres. Le CIRÉ s’inquiète : le gouvernement décidera-t-il de restrictions budgétaires sans tirer les leçons de la crise de l’accueil des demandeurs d’asile qui vient de sévir durant quatre longues années en Belgique ?

Si de nouveaux besoins d’accueil se font ressentir à l’avenir et si l’on ne veut pas se retrouver à nouveau en situation d’urgence et de crise, il faut à tout prix garder un réseau d’accueil de qualité avec un nombre de places supérieur à celui qui prévalait avant la crise de l’accueil.

Quatre longues années durant lesquelles, par manque de places d’accueil, les demandeurs d’asile qui arrivaient chez nous pour demander la protection se sont retrouvés à la rue. Aujourd’hui, la situation s’est nettement améliorée, grâce aux efforts conjoints de tous les partenaires de l’accueil. Pour l’instant, le nombre de demandes d’asile baisse. Les places sont suffisantes. Les places d’urgence vont fermer pour la fin de l’année. Mais qui sait de quoi demain sera fait ? Les flux migratoires varient, en fonction des violences et des conflits dans le monde. Si de nouveaux besoins d’accueil se font ressentir à l’avenir et si l’on ne veut pas se retrouver à nouveau en situation d’urgence et de crise, il faut à tout prix garder un réseau d’accueil de qualité avec un nombre de places supérieur à celui qui prévalait avant la crise de l’accueil. Car ouvrir et fermer des places coûte cher et prend du temps.

Aujourd’hui, la Belgique dispose d’un réseau d’accueil composé de places communautaires et de places individuelles adaptées aux besoins spécifiques des demandeurs d’asile dans lesquelles les demandeurs d’asile devraient pouvoir être hébergés dès leur arrivée. Le CIRÉ et ses partenaires gèrent depuis 1999 un millier de places d’accueil en logements individuels. Nous avons opté pour ce mode d’accueil « à petite échelle » car il respecte davantage l’autonomie et l’intimité des demandeurs d’asile et permet une prise en charge plus individualisée et adaptée à leurs besoins (en termes de formation, d’études, de travail, de soins de santé, de suivi socio-juridique…). Par ailleurs, les logements (appartements ou studios) mis à disposition des personnes leur permettent de s’intégrer dans la commune de manière harmonieuse. Et la population ne manifeste pas d’opposition lors de l’ouverture des places. Ce type d’accueil est également moins cher car les frais d’encadrement sont moins coûteux. Le nombre de places peut être plus facilement augmenté. Enfin, ce mode d’accueil répond aux besoins particuliers de certaines personnes vulnérables (les familles, les mineurs étrangers non-accompagnés, les femmes seules avec enfants, les personnes handicapées ou malades…).

La crise de l’accueil est derrière nous. Il est temps de revenir à l’application de la loi sur l’accueil c’est-à-dire à un accueil adapté aux besoins des personnes dès leur arrivée. En garantissant un accompagnement socio juridique de qualité, plutôt qu’en mettant à mal l’aide juridique et l’interprétariat social. En se penchant sur la question de la scolarité des enfants en classes-passerelles. Et en consolidant les dispositifs d’accueil spécifique pour les personnes vulnérables…Nous espérons que le gouvernement tirera les leçons des quatre années de crise de l’accueil et qu’il restera prudent quant aux restrictions budgétaires à venir. L’enjeu est de préserver un système d’accueil suffisant, flexible et de qualité, notamment en privilégiant l’accueil à échelle humaine.

  • Malou Gay, Directrice-adjointe du CIRÉ
  • Patrick Verhoost, Aide aux Personnes Déplacées
  • Gonzalo Dopchie, Directeur de Caritas International
  • Carine Molatte, Directrice-coordinatrice du Centre social protestant
  • Brahim Benhaddou, Directeur du Service social de Solidarité socialiste
  • Els Keytsman, Directrice de Vluchtelingenwerk Vlaanderen
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