5 ans de guerre en Syrie: l’urgence de négocier la paix et de protéger les réfugiés

Ce mardi 15 mars 2016 marque le cinquième anniversaire du début du conflit en Syrie. Un conflit qui aujourd’hui fait l’objet d’une trêve précaire pour des négociations encore très fragiles. Cette guerre a fait plus de 270.000 victimes et a poussé des millions de personnes sur la route de l’exil. Face à ces réfugiés, l’Europe se détourne de la solidarité la plus élémentaire et du respect du droit d’asile. Les Syriens doivent pouvoir atteindre notre continent de manière sûre et légale et leurs demandes d’asile doivent être examinées sur le sol européen.

Ces cinq longues années de guerre et de violences en Syrie ont poussé des millions de personnes sur les routes de l’exil. 8 millions de personnes déplacées de force à l’intérieur du pays. Près de 5 millions de réfugiés dans les pays limitrophes, dont 2,7 millions en Turquie et plus d’1 million au Liban. Aucune issue au conflit ne semble se dégager ; pire, la guerre prend un tour de plus en plus complexe et violent. Les négociations actuelles sont encore peu prometteuses. Sans solution dans un futur proche, tous ces réfugiés syriens n’ont aucun espoir de pouvoir rentrer chez eux. Ils sont contraints de vivre dans des conditions extrêmement difficiles dans les pays voisins.

L’Europe égoïste

Pour de nombreux réfugiés syriens, venir chercher une véritable protection en Europe est la seule solution. Oui, évidemment, le nombre de Syriens arrivés sur notre continent a augmenté. Mais l’Europe n’a en réalité enregistré que 897.645 demandes d’asile de Syriens depuis le début du conflit. Moins que le Liban à lui tout seul…

Loin d’être solidaire, l’Europe ne leur ouvre donc pas grand les bras. Au contraire, l’Europe fait en sorte que ces réfugiés n’arrivent pas jusqu’ici. Elle renforce le contrôle des frontières. Elle donne des milliards d’euros à la Turquie pour retenir les réfugiés syriens présents sur son sol. Elle négocie même actuellement le fait de pouvoir renvoyer les demandeurs d’asile syriens arrivés en Grèce vers cette même Turquie, considérée comme “pays tiers sûr“. La Turquie qui, rappelons-le, n’offre qu’un statut de “réfugié conditionné” pour les non-européens et ne respecte pas les droits fondamentaux des réfugiés sur son sol. Et qui, face à l’attitude cynique de l’Europe, ferme sa frontière à des dizaines de milliers de Syriens en fuite au plus fort du conflit.

Et tandis que l’Europe essaye par tous les moyens de trouver une solution pour se débarrasser des réfugiés arrivés sur son sol, ils sont des milliers à être bloqués en Grèce, du fait de la fermeture de la route des Balkans et du manque de solidarité entre les pays européens.

Ce marchandage cynique avec la Turquie et ces murs érigés pour empêcher les réfugiés de passer sont inacceptable. En faisant cela, l’Union européenne tourne le dos aux hommes, femmes et enfants syriens qui fuient une guerre atroce et des violences d’une rare intensité. Et elle viole ses obligations morales et légales en matière de protection des réfugiés. Elle est tout simplement en train de perdre son âme et de piétiner ses valeurs.

Un accès sûr et légal

À l’occasion des 5 ans de conflit en Syrie, nous demandons, à nouveau, à l’Union européenne et à la Belgique, de respecter leurs obligations internationales et morales en matière de protection. En accordant une aide humanitaire aux Syriens bloqués à l’intérieur de leur propre pays. En étant solidaire avec les pays limitrophes de la Syrie qui accueillent la toute grande majorité de réfugiés notamment en réinstallant davantage de réfugiés syriens. En cessant de faire pression sur la Turquie pour qu’elle ferme ses frontières aux Syriens et empêche les réfugiés de quitter son territoire. En ouvrant des voies légales et sûres pour permettre aux Syriens en besoin de protection d’arriver en Europe sans mettre leur vie et celles de leurs enfants en péril. En traitant dignement les Syriens qui arrivent en Europe, en enregistrant et en examinant leur demande d’asile. Parce que qui, aujourd’hui, peut nier que ces hommes, ces femmes et ces enfants ont besoin de protection ?

Pour plus d’informations sur ce que nous demandons à la Belgique, voir l’analyse “Des routes sûres et légales pour les Syriens en exil“.

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