Dissuader les demandeurs d’asile, restreindre l’accès, l’accueil et les droits des réfugiés, retarder les procédures, se désolidariser de l’Italie et de la Grèce, stigmatiser les étrangers… Tels sont les grands axes de la politique menée à l’égard des réfugiés en Belgique et en Europe. Une situation que dénonce le CIRÉ en ce 20 juin, Journée mondiale du réfugié.
“Mais, alors que bien des pays pauvres recueillent tant bien que mal des migrations massives, les États-nations d’Europe préfèrent dire à la vie qu’elle ne saurait passer. Eux qui ont tant migré, tant brisé de frontières, tant conquis, dominé et qui dominent encore, veulent enchouker à résidence misère terreurs et pauvretés humaines. Ils prétendent que le monde d’au-delà de leurs seules frontières n’a rien à voir avec leur monde. Qu’il n’est pas de leurs œuvres et pas de leur devoir. Ils lui opposent les dissuasions d’une mort autorisée, filmée à angles choisis, médiatisée chaque jour. Ils élèvent l’attestation d’un impossible sur des monceaux de cadavres et consentent à l’abandon de tout un océan aux vocations des cimetières. Le berceau de leur civilisation est devenu une tombe“.
Patrick Chamoiseau, “Frères Migrants”, éd. du Seuil, 2017.
20 juin, journée mondiale du réfugié, dont on commémore chaque année “la force, le courage et la résilience”, comme le rappelle le site de l’UNHCR…
En ce 20 juin 2017, nous commémorons en effet la détermination et l’héroïsme de ces milliers de personnes qui, chaque jour, bravent la fermeture des voies d’accès à l’espace européen pour faire valoir leur droit à la protection et à l’accueil. Nous honorons aussi la mémoire de ces milliers d’autres qui chaque jour, paient de leur vie le déni de responsabilité des États européens qui les contraint à emprunter des voies non légales et périlleuses.
En ce 20 juin 2017, nous rappelons notre opposition à l’externalisation du traitement des demandes d’asile et du contrôle des frontières, et notamment à l’Accord UE-Turquie, par lequel sont renvoyées dans ce pays les personnes qui le traversent vers la Grèce sans document de voyage, ou dont la demande d’asile est considérée comme irrecevable. Cet accord est en contradiction avec la Convention de Genève relative aux réfugiés, qui pose que ces derniers doivent pouvoir demander l’asile dans un pays européen, donc aussi en Grèce. Nous contestons également que la Turquie soit considérée comme un “pays sûr” pour les demandeurs d’asile et les réfugiés. Nous nous demandons aussi pourquoi il nous faut répéter ces évidences…
En ce 20 juin 2017, nous faisons le bilan de la politique menée par le Secrétaire d’Etat à l’asile et à la migration, Theo Francken, depuis son entrée en fonction. Triste bilan, qui se traduit par un recul du respect des droits et de la dignité des migrants en besoin de protection, ainsi que des engagements internationaux pris par la Belgique en matière de protection internationale, sur fond de discours ultra sécuritaires et stigmatisants.
Nous citerons quelques-uns des axes “forts” de cette politique: dissuader les demandeurs d’asile, restreindre l’accès à la Belgique, restreindre l’accueil, restreindre les droits des réfugiés, retarder les procédures, se désolidariser de l’Italie et de la Grèce, stigmatiser les étrangers…
En ce 20 juin 2017, de potentiels réfugiés, hommes femmes et enfants, meurent noyés en Méditerranée, sont vendus comme esclaves en Libye, sont battus à Calais, gisent desséchés dans le désert du Niger, sont violentés en Hongrie, sont bombardés en Syrie…
La journée mondiale du réfugié est aujourd’hui la journée mondiale de la honte, du non-respect du droit international et des droits humains fondamentaux. De la négation de l’humanité même.
Il est temps de nous rappeler que la barbarie broie tant ceux qui tentent de franchir les murs que ceux qui les érigent.