C’était il y a trois ans: les peuples arabes se soulevaient les uns après les autres, accompagnés par l’enthousiasme international. Dans plusieurs pays, les manifestations étaient durement réprimées.
Toute l’attention se tourna peu à peu vers la Libye, où Kadhafi bombardait sa propre population pour garder le pouvoir. Au moment même où l’Otan s’apprêtait à intervenir, le peuple syrien se soulevait à son tour. Même enthousiasme populaire, même réaction du régime en place: semer la mort.
Sauf que trois ans plus tard, alors que la Libye peine à se reconstruire (c’est le moins qu’on puisse dire!), en Syrie, c’est toujours l’horreur. Et si Bachar Al-Assad est l’évident responsable de la situation, la communauté internationale a tellement laissé celle-ci s’enliser qu’aujourd’hui, il est bien difficile de proposer des solutions simples à un conflit qui a déjà fait au moins 140.000 morts.
Alors, que dire, que faire? On doit bien entendu dénoncer la multiplication des crimes à laquelle on assiste jour après jour à Damas, Homs ou Alep. Utiliser tous les outils entre nos mains pour imposer, au minimum, le respect du droit international humanitaire. Mais on ne peut pas en même temps appeler à protéger les civils et leur refuser cette même protection quand ils arrivent à fuir la zone de conflit. Notre première obligation est donc de soutenir les pays voisins pour offrir une vie digne aux réfugiés qu’ils accueillent sur leur territoire. Mais l’Europe doit aussi avoir le courage d’ouvrir une brèche dans la forteresse qu’elle est en train de devenir.
Mais accueillir les réfugiés ne résoudra pas le conflit lui-même… Comment donc se positionner face à un tel imbroglio? En commençant par reconnaître que nous ne savons pas tout. Que toute solution simple, “il faut” ou autre “yaka” est forcément simpliste. Accepter que, si le départ du tyran est une nécessité, l’après-Bachar sera certainement très compliquée à gérer, au vu des parties en présence et de la radicalisation de certains face à l’horreur d’en face. Et comprendre que la seule issue de secours, aujourd’hui infime, est d’appuyer la réémergence d’une société civile capable d’entamer le dialogue politique qui, au bout du compte, sera la seule solution viable.
En attendant, face au bruit des armes, la passivité transforme nos cris en autant de silences.