Depuis son lancement en mars 2013, la campagne Frontexit et ses membres ont recueilli de nombreuses informations concernant les opérations de Frontex via une intense correspondance avec l’Agence, ainsi qu’une mission de terrain à la frontière gréco-turque. Le bilan de cette première année de campagne confirme que, malgré les récentes modifications apportées au mandat de l’Agence visant à intégrer davantage les droits de l’homme dans le rôle et les activités de Frontex, ce mandat reste incompatible avec le respect des droits fondamentaux.
En effet, l’Agence continue à fonctionner avec un manque déconcertant de transparence et sans aucun mécanisme de contrôle permettant d’examiner les allégations de violations des droits de l’homme et ce, bien que Frontex soit témoin de violations des droits par les États membres aux frontières. Les « accords de travail » passés par l’Agence avec les pays tiers semblent avoir pour objectif principal d’empêcher les migrants de quitter leurs territoires. Réputés « techniques », ces accords ne nécessitent pas l’approbation du Parlement européen. Ils pourraient néanmoins contrevenir au droit de quitter un pays, y compris le sien, et au droit de demander l’asile.
Le Rapporteur spécial de l’ONU sur les droits humains des migrants, le Médiateur européen et le Commissaire aux droits de l’homme du Conseil de l’Europe ont également exprimé leurs préoccupations et mis en cause la responsabilité de l’Agence dans les violations des droits de l’homme.
Qu’ils soient détenus, refoulés, secourus ou qu’ils aient perdu la vie en mer, les migrants sont les otages d’une stratégie de l’UE qui donne la priorité à la sécurité au détriment des droits de l’homme. Dans la perspective de l’adoption de lignes directrices stratégiques qui orienteront l’action de l’UE en matière de migration pour les prochaines années, la campagne de Frontexit appelle l’Union et ses États membres à réorienter une politique qui a entraîné une hécatombe en plaçant les droits humains au centre de leur approche. Cela devrait inclure la conduite d’enquêtes approfondies et impartiales à partir des allégations de violations des droits humains durant les opérations passées et présentes de Frontex.
La campagne Frontexit (www.frontexit.org) dénonce l’incompatibilité entre le mandat de Frontex et le respect des droits de l’homme et du droit européen. Il demande à l’Union européenne d’en prendre acte et d’agir afin de faire cesser les activités de Frontex.