migrations magazine numéro 3

Centres fermés: enfermer, expulser, une alternative?

Le troisième numéro de migrations|magazine se penche sur la question des centres fermés pour étrangers. La détention des étrangers en centre fermé n’est pas une pratique innocente.


Elle fait mal, elle laisse des traces et des blessures sur les personnes qui en font l’objet dès les premiers jours de l’enfermement et cela, même si les conditions matérielles sont correctes.
En particulier, la détention est vécue comme une punition, une humiliation, une injustice. L’absence de vie privée, les mesures disciplinaires, l’environnement carcéral, l’usage de menottes pour les déplacements à l’extérieur du centre : tout cela contribue à criminaliser les hommes et les femmes qui sont enfermés.La confrontation régulière à la souffrance des étrangers détenus dans les centres fermés ne peut que nous amener à mettre en question cette politique et cette pratique.
Au nom de quoi prive-t-on quelqu’un de sa liberté, d’un de ses droits les plus fondamentaux ? On nous dit que les centres fermés sont nécessaires, qu’il faut faire respecter les lois sur l’entrée et le séjour des étrangers qui ont été votées démocratiquement et qu’il faut faire respecter l’État de droit.
Mais la démocratie et l’État de droit ne sont-ils pas en train de perdre leur âme lorsque, pour les défendre, on en vient à infliger, même involontairement, des souffrances qui blessent des hommes et des femmes dans leur dignité ? Contrôler l’entrée et le séjour sur le territoire est sans doute un droit légitime d’un État, mais la fin justifie-t-elle les moyens ?
Cette question se pose de manière encore plus aigüe lorsqu’on enferme des demandeurs d’asile, soit pour les empêcher d’entrer, soit pour les envoyer de force vers un autre pays de l’Union européenne. Comment justifier que la première réponse que nous donnons à des personnes qui demandent une protection soit de les enfermer ? N’est-ce pas le signe d’une société qui, sous le coup de la peur, perd ses repères fondamentaux ?
Plus fondamentalement, les impasses de la politique de détention doivent nous conduire à repenser les politiques de migrations. Avec créativité et aussi avec beaucoup d’humilité car, il faut le reconnaître, les questions sont extrêmement complexes. Il n’y a pas de solution miracle.
Mais à l’ère de la mondialisation où les capitaux et les marchandises circulent sans entraves d’un coin à l’autre de la planète, est-il normal que les êtres humains ne puissent circuler librement ? Qu’est-ce qui justifie que certains, dont nous sommes en Belgique, disposent de toutes les facilités pour voyager alors que beaucoup d’autres sont condamnés à rester chez eux ? Faut-il abolir les frontières ? Elles sont certes des symboles d’exclusion, mais ne peuvent-elles pas devenir des lieux de rencontres et d’échanges ? Ne sont-elles pas parfois nécessaires pour protéger, par exemple, le « persécuté » de son « persécuteur » ? Est-ce que le contrôle des frontières va nécessairement de pair avec l’usage de la violence d’État ?
Une réflexion nécessaire sur des questions importantes et difficiles qui sont abordées dans ce troisième numéro de migrations|magazine.

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