Migrations : le droit international doit primer sur la démagogie

Communiqué de presse. Ces 28 et 29 juin 2018, le Conseil européen s’apprête à franchir un pas de plus dans l’externalisation de sa politique migratoire, en validant le principe “de plateformes de débarquement” dans des pays extérieurs à l’Union européenne. Pour les pousser à accepter ce principe, l’aide au développement est à nouveau utilisée comme un moyen de pression. Cette approche détourne les moyens censés financer le développement durable, est contraire au droit international et contribue à déstabiliser le voisinage européen. Le CIRÉ et le CNCD-11.11.11 appellent à la mise en place d’une politique migratoire basée sur le respect du droit d’asile, l’instauration de voies sûres et légales de migration économique et l’instauration d’un partenariat euro-africain pour le développement durable.

“L’Union européenne est déterminée à continuer et renforcer sa politique (contrôle des frontières extérieures européennes) pour éviter un retour aux flux incontrôlés de 2015” a déclaré Donald Tusk, le président du Conseil européen, le 19 juin. Pourtant, selon les chiffres de l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (UNHCR), les arrivées via la Méditerranée sont en forte baisse : si elles ont dépassées le million en 2015, elles sont rapidement reparties à la baisse, pour s’élever à environ 40.000 arrivées au cours des six premiers mois de l’année 2018.

Cela représente 1 personne pour 12 500 citoyens en Europe. Il n’y a donc pas de “crise des migrants”, mais une crise de la politique européenne d’asile de plus en plus influencée par l’idéologie national-populiste.

L’arrivée au pouvoir de gouvernements nationaux-populistes dans plusieurs États membres semble entraîner l’ensemble de la classe politique européenne dans une voie sans issue. L’une des conséquences est la fuite en avant via des partenariats bilatéraux peu respectueux du droit international et de la souveraineté des pays partenaires. En effet, la proposition avancée, en amont du Conseil européen, de mettre sur pied dans des pays non-membres de l’UE des “plateformes de débarquement régionales” est particulièrement préoccupante. L’UE sait pertinemment qu’elle ne pourra garantir que les droits fondamentaux des personnes vulnérables tentant de rejoindre l’Europe y soient respectés.

C’est pourquoi le CNCD-11.11.11 et le CIRÉ appellent le Premier ministre Charles Michel à faire entendre la voix d’une politique européenne d’asile et de migration cohérente et respectueuse des droits humains. Cela signifie à court terme respecter le droit international dans toutes ses dimensions, y compris le droit maritime qui oblige à secourir les personnes naufragées et à les acheminer vers le port sûr le plus proche. Cela passe par le renforcement des voies sûres et légales telles que le regroupement familial, les visas humanitaires et la réinstallation, ainsi que la création de nouvelles voies afin de répondre notamment aux enjeux économiques des pays de départs et d’arrivées. Enfin, le système de Dublin doit être revu pour rendre la solidarité entre États membres obligatoire.

Lire également

Le communiqué de presse du réseau Migreurop, dont le CIRÉ est membre:

Conseil européen des 28 et 29 juin 2018 : le renforcement des frontières, tombeau des migrant·e·s et de l’Union européenne

Contact

Sotieta Ngo, directrice générale du CIRÉ

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