Le Conseil européen des 28 et 29 juin 2016 doit débattre du plan proposé par la Commission pour résoudre la crise migratoire. Ce plan propose un nouveau cadre de partenariat entre l’Union européenne et les pays tiers africains (“Partnership framework with third countries “), en vue de maintenir les migrants hors des frontières de l’Union européenne. Le CNCD-11.11.11 et le CIRÉ dénoncent une approche exclusivement répressive des migrations et une instrumentalisation dans ce but de l’aide au développement. Communiqué de presse- 27 juin 2016.
Le plan de la Commission européenne vise à sous-traiter dans les pays africains la gestion et la détention de migrants en échange d’une aide financière, issue d’un budget de 8 milliards d’euros mobilisés d’ici 2020. Concrètement, des fonds issus des budgets d’aide au développement seraient attribués en échange de la mise en œuvre des accords de réadmission. Cet incitant financier serait accompagné d’un volet répressif, sous la forme de sanctions commerciales et financières infligées aux pays qui ne seraient pas suffisamment coopératifs.
L’objectif est de maintenir les migrants africains hors de l’espace Schengen, au risque de les voir exposés à des mauvais traitements (détention, enregistrement forcé, tri, etc.) et à des refoulements vers des pays où les droits fondamentaux ne sont pas respectés. Ceci en violation du droit international et du droit d’asile.
L’aide au développement, qui devrait contribuer à financer la réalisation des Objectifs de développement durable, est détournée de ces objectifs, alors que son volume a tendance à baisser ces dernières années. Selon Arnaud Zacharie, secrétaire général du CNCD-11.11.11 : “Si les migrants risquent leur vie en traversant la Méditerranée, c’est parce qu’ils sont victimes de la pauvreté et des conflits dans leurs pays d’origine. C’est donc la mobilisation de la coopération au développement au service de la paix et de l’éradication des inégalités mondiales qu’il faut privilégier, plutôt que son instrumentalisation au service d’autres objectifs que ceux du développement, en particulier lorsqu’il s’agit de mesures répressives qui entraînent des violations graves des droits fondamentaux “.
Pour “sauver des vies”, la Commission affirme en outre vouloir briser le business model des passeurs en retenant les demandeurs d’asile en Afrique, sans aborder la question essentielle de l’ouverture de voies migratoires sûres et légales, seule solution pour empêcher les noyades en Méditerranée et respecter les droits des migrants.