Au lieu de protéger, le gouvernement mise sur la méfiance et la détention

Communiqué de presse. L’ensemble de mesures contre la migration en transit présentées hier par le gouvernement fédéral démontrent une nouvelle fois que les autorités belges préfèrent mener une politique de dissuasion et d’expulsion plutôt qu’une politique de protection.

Pour le CIRÉ, la Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés, Médecins du Monde, Médecins Sans Frontières et Vluchtelingenwerk Vlaanderen, la Belgique doit adopter une approche qui prend en compte les besoins de protection des exilé•e•s vivant dans notre pays. Celles et ceux que le ministre de l’Intérieur et le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration englobent dans le terme de “transmigrant” constituent en réalité un groupe de personnes aux parcours et aux besoins très divers. La plupart sont très vulnérables; il s’agit pour beaucoup de mineurs, de femmes célibataires avec ou sans enfants, de personnes lourdement traumatisées et, comme l’indique M. Francken lui-même, de victimes du trafic des êtres humains.

Les mesures présentées hier occultent totalement cette diversité et nient les droits essentiels auxquels les demandeurs d’asile et les victimes potentielles du trafic des êtres humains ont accès. Au lieu de fournir une solution, le gouvernement s’enlise davantage dans son approche répressive, basée sur la peur et la méfiance.

Selon Jan Jambon et Theo Francken, expulser est la seule option. Enfermer est donc, pour eux, une première étape nécessaire. La loi prévoit pourtant que la détention ne peut être envisagée que dans un but d’éloignement, elle ne peut jamais être systématique ou arbitraire et ne peut être utilisée qu’en dernier recours.

Au-delà de cette énième opération de communication du gouvernement, une multitude de questions restent sans réponse. Comment le gouvernement compte-t-il combattre efficacement les réseaux de passeurs si, par manque de confiance, il n’obtient pas les témoignages des victimes? Pourquoi les autorités restent-elles muettes concernant les informations qui seront fournies aux victimes du trafic des êtres humains concernant leur droit à une protection ou à un titre de séjour? Comment ces victimes seront-elles protégées? Surtout, comment le gouvernement peut-il encore croire qu’en misant sur la méfiance, la peur et la répression, il brisera le cercle vicieux de la dépendance des migrants vis-à-vis des passeurs?

Construire un modèle durable

Contrairement à ce que nos dirigeants tentent de nous faire croire, il existe des alternatives; une approche où on informe les exilé•e•s, où on identifie leurs droits et où on les aide à construire un projet d’avenir réaliste. Certes, une telle politique prendrait du temps et demanderait des moyens, mais elle nécessiterait surtout de la confiance.

Depuis septembre 2017, nous sommes actifs sur le terrain et venons en aide aux migrants dans le cadre du Hub humanitaire, installé à la gare de Bruxelles-Nord. Au fil des mois, nous avons constaté le besoin criant d’assistance, que ce soit sur le plan médical, psychologique, social et juridique. Ces besoins fondamentaux sont totalement ignorés par les autorités.

Notre expérience démontre qu’une autre politique d’accueil est possible. Nous invitons les autorités à s’inspirer de notre travail et les appelons à mettre sur pied un centre d’accueil et d’orientation, où les migrant•e•s arrivant en Belgique seraient pris en charge dignement et où ils pourraient réfléchir sereinement aux choix qu’il leur est demandé de poser.

Offrons un répit aux exilé•e•s au lieu de les réprimer. Fournissons-leur une orientation digne de ce nom au lieu de les poursuivre et de les enfermer. Donnons-leur la possibilité de sortir du cercle vicieux de la peur et de l’exclusion. Alors, ces personnes pourront poser des choix éclairés et le gouvernement pourra mettre en œuvre une politique de protection pertinente.

Signataires

  • CIRÉ
  • Plateforme citoyenne de soutien aux réfugiés
  • Médecins du Monde
  • Médecins Sans Frontières
  • Vluchtelingenwerk Vlaanderen

Contact presse

Sotieta Ngo, directrice générale du CIRÉ

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